Chez la comtesse…

… de Flandre, Jeanne de son prénom ! 😊 Pour cet article, direction le musée de l’Hospice Comtesse se situant au cœur du quartier du Vieux Lille. La deuxième moitié de l’année 2022 a été l’occasion pour les espaces de collections permanentes de se refaire une beauté. Je vous propose un petit tour du propriétaire 😉

Petite présentation historique du bâtiment avant d’entrer au sein des collections.

Il s’agit d’un des derniers témoins de l’action des comtes de Flandres sur Lille. L’hospice est fondé par la comtesse Jeanne au 13e siècle. Elle le place sous la protection de la Vierge Marie. L’objectif principal de l’institution est de soigner le corps et l’âme. Mais c’est aussi accueillir les malades, les pauvres et les pèlerins.

Cette fondation s’inscrit dans un large mouvement de créations d’hôpitaux, d’hospices durant le 12e et le 13e siècle, dans tout le comté de Flandre mais également celui du Hainaut : Sint-Janshospitaal à Bruges (aujourd’hui le musée de l’Hôpital Saint-Jean https://www.museabrugge.be/fr/visitez-nos-musees/nos-musees-et-monuments/sint-janshospitaal) , le site de Bijloke à Gand (aujourd’hui c’est un havre de culture où la musique et la nature sont très présentes https://visit.gent.be/fr/voir-et-faire/site-de-la-bijloke ) ou encore Notre-Dame à la Rose à Lessine (https://www.notredamealarose.be/)

Ces hôpitaux vont aussi servir d’inspiration pour la création d’autres sites hospitaliers ailleurs en France et plus spécifiquement les Hospices de Beaune (inspiration qui n’a rien d’étonnant parce qu’au 14e siècle la Flandre fait partie intégrante du duché de Bourgogne suite au mariage de Marguerite avec le duc Philippe le Hardi) Pour en savoir plus sur le site de Beaune, je vous invite à lire l’article que j’ai rédigé sur mon blog 😊 : https://danslespasdececile.blog/2023/08/10/bienvenue-en-bourgogne-terre-de-tourisme/

L’hôpital bénéficie de la protection des puissants et étend ses possessions jusqu’à Dunkerque (exploitations agricoles et biens fonciers) et possède aussi des droits de pêche sur la Deûle.

L’architecture n’est pas uniforme et témoigne des aléas de l’Histoire avec 500 ans d’occupations, de destructions et reconstructions. Le bâtiment d’origine du 13e siècle disparaît entièrement lors d’un incendie en 1467. Le feu fera encore des dégâts en 1649, endommageant le monument reconstruit après le premier incendie. Lors de ce feu au 17e siècle, la chapelle, une partie des bâtiments conventuels et de nombreuses maisons ont été détruites. Les bâtiments que nous pouvons voir de nos jours ont ainsi été reconstruits et agrandis entre 1470 et 1724, donnant un aperçu de ce qui pouvait être construit avant la Révolution.

Les couleurs ont été refaites récemment afin de nous donner une idée du bâtiment au 17e siècle. L’utilisation des matériaux locaux est aussi à mentionner avec la brique, le grès ou encore la pierre blanche qui va renforcer le contraste avec l’architecture flamande du territoire.

Après ce petit aparté historique et architectural, il est temps d’entrer, non ?

La première pièce qui nous accueille est l’ancienne cuisine. Elle peut surprendre avec les murs qui sont recouverts de carreaux de faïences avec des motifs en bleu. Mais en réalité, en plus de l’aspect esthétique donné par les différents carreaux, il y a un aspect pratique : le nettoyage dû à la fonction de la pièce en est grandement facilité 😊 En parlant de ces carreaux de faïences, ils sont directement inspirés de ceux qui été produits en Hollande au 17e et 18e siècles. Ils sont peints à la main et plusieurs thèmes sont présents : des bergers et des bergères, des monstres marins ou encore des jeux anciens.

C’est dans cette cuisine que les religieuses préparaient avec soin les repas des malades et des personnes hébergées.

Après la cuisine, direction le réfectoire. Pièce où les religieuses prenaient leurs repas dans un grand silence, suivant la règle de Saint-Augustin. Pendant le repas, l’un d’elle était choisie pour lire des passages de la Bible. Vous y verrez le mobilier d’origine, vous permettant ainsi d’imaginer les sœurs assises autour de cette grande table en bois 😊 Sur les grands buffets présents dans la pièce, vous y retrouverez tout un répertoire iconographique se rattachant à ce que nous pouvions trouver sur les façades des bâtiments au cours des 17e et 18e siècles (guirlandes de fruits, cornes d’abondance, figures humaines) tel que la Vieille Bourse, construite en 1653 à la demande des commerçants lillois et se situant au niveau de la Grand Place de Lille.

Changeons de pièce et changeons d’ambiance pour entrer dans l’espace où la prieure a pris ses appartements, qui se situent dans le fond de la pièce, la tablette est une précieuse alliée pour découvrir le mobilier et les décors présents. Mais avant de pouvoir accéder aux appartements, vous traversez une pièce qui était appelée le parloir. La prieure va y recevoir en audience privée les hôtes de marques, les visiteurs de passage ou encore les familles des religieuses.

Sur le mur vous découvrirez un ensemble d’ex-voto, offerts à la Vierge en remerciement de la guérison ou le sauvetage d’un enfant. Ils datent du 17e siècle et sont des témoins de la ferveur, de la piété populaire. Allez-vous remarquer que les enfants sont représentés comme des mini-adultes ?

Dans cette salle, de chaque côté de la porte d’entrée, un portrait de la comtesse Jeanne et un autre de la comtesse Marguerite de Flandre sont accrochés.

Nous parlions que l’un des objectifs de l’hôpital durant le Moyen Âge était de soigner le corps et l’âme des personnes hébergées, il est ainsi temps d’aller découvrir la pièce qui renfermait la pharmacie. Cette salle était remplie de pots pharmaceutiques et autres remèdes concoctés à partir des herbes et plantes médicinales cultivées dans le jardin médicinal (visible depuis l’extérieur). En plus de ces soins, l’hygiène est primordiale ! Cela passe par le nettoyage et le changement des pansements, comme les soins de fin de vie ou encore l’alimentation.

N’hésitez pas à vous pencher sur la table ludique au centre de la pièce qui met à l’épreuve vos sens.

L’hygiène est présente au sein de l’hôpital, et cela passe aussi par l’entretien du linge. La lingerie est la pièce où le mobilier tels que la table à laver, la presse à linge ainsi que les armoires et coffres de rangement sont disposés. En plus de l’entretien, les sœurs augustines peuvent être amenées à confectionner des vêtements.

Le dernier espace du musée se situe à l’étage après avoir emprunté l’escalier (lui aussi décoré avec des carreaux de faïences). L’ancien dortoir des sœurs est aujourd’hui un espace vous permettant de vous familiariser avec l’histoire de la ville de Lille.

Des éléments sculptés, des peintures, des objets, du mobilier vous transporte ainsi dans la capitale des Flandres, découvrant les aspects commerciaux et politiques. Corporations, traditions, savoir-faire sont à l’honneur.

Les éléments sculptés concernant le Justice qui étaient installés dans le Palais Rihour ouvre la voie. Mais vous allez aussi y découvrir les corporations, la tradition du carnaval, les clés de la ville.

Mais vous avez aussi deux galeries de portraits qui retracent des moments clés de la ville. Celle ces comtes de Flandre réalisées par le peintre Arnould de Vuez sur commande (qui avait, pour un certain nombre d’entre eux, été exposé au Musée Sandelin à Saint-Omer lors de l’exposition consacrée au peintre en 2021. La visite virtuelle est encore disponible, voici le lien : https://www.musees-saint-omer.fr/arnould-de-vuez/ )  et celle des ducs de Bourgogne.

Et voici les clés de la ville …

Passion pour les globes célestes et terrestres, te revoilà !

Le seul espace qui n’est pas visible tout le temps est la salle des malades et la chapelle. Il est ouvert lors des expositions temporaires ou lors d’événements ponctuels. La salle des malades est une salle à nef unique avec un plafond lambrissé. L’inspiration vient de la salle présente à Valenciennes et inspirera celle de Beaune. Chaque malade avait à disposition un lit, une étagère en bois installée dans une niche. La literie était composée d’un oreiller, de draps et d’une couverture cousue aux armes de la Flandre.

La chapelle quant à elle va être séparée et rehaussée de la salle des malades après l’incendie du 17e siècle. Le 19e siècle verra l’apparition du plafond à caisson décoré des soixante-six écussons représentant les bienfaiteurs de l’hôpital.

Et voilà pour le petit tour au sein du musée de l’Hospice Comtesse de Lille. J’espère vous avoir donné envie de rendre sur place pour découvrir les pièces et les œuvres in situ.

Voici le lien vers le site du musée pour préparer votre visite : https://mhc.lille.fr/

A très vite pour de nouvelles découvertes ! 😊

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