Quand on me dit Beaune, je pense tout de suite aux hospices de Beaune et leurs toits aux tuiles vernissées colorées. Cela tombe bien ! La dernière journée du congrès nous a emmené découvrir ce site patrimonial incontournable du territoire. Découverte réalisée en janvier ainsi nous avons découvert le lieu sous une couche de neige 😊


Un peu d’histoire avant d’entrer pour voir les trésors du lieu…
C’est dans un contexte compliqué que l’Hôtel Dieu est fondé par Nicolas Rolin, chancelier du duc de Bourgogne et de sa troisième épouse Guigone de Salins en 1443. . Le contexte est compliqué, la ville et ses alentours sont ravagés par la peste, la famine et les troubles engendrés par la Guerre de Cent Ans. Ainsi, nos deux mécènes décident de fonder un hôpital pour les plus démunis et les plus pauvres. Ils s’inspirent des hôtels dieux déjà construits en Flandre, territoire ayant rejoint le duché au 14e siècle par le biais d’un mariage entre Marguerite de Flandre (fille du comte) et du duc de Bourgogne Philippe le Hardi.
Petite parenthèse, si vous êtes dans les Hauts-de-France, rendez-vous à l’Hospice Comtesse https://danslespasdececile.blog/2023/09/24/chez-la-comtesse/) dans le quartier du Vieux-Lille pour y découvrir une des institutions ayant donné l’inspiration aux hospices de Beaune 😉
Il lui faudra une dizaine d’années pour acheter les terrains au cœur de Beaune. En 1443, il dicte à ses notaires l’acte fondateur du futur hôpital : « Je, citoyen d’Autun […] chancelier de Bourgogne, ce jourd’hui dimanche quatrième du mois d’août, l’an de Notre Seigneur 1443 : délaissant toute affection et sollicitude des choses mondaines, et tournant ma pensée à ce qui concerne mon propre salut, désirant pour un bienheureux commerce, faire échange des biens temporels qui m’ont été élargis par la bonté divine […] dès maintenant et à perpétuité j’érige et fais construire et bâtir avec dotation, un hôpital de la ville de Beaune pour la réception, usage et habitation des pauvres malades (…] »
La cour centrale permet la circulation entre les différents espaces tels que la salle des Pôvres, la salle Saint-Hugues, la cuisine ou encore l’apothicairerie.
Lors de la fondation de l’hôpital, Nicolas Rolin l’a tout de suite placé sous l’autorité du Saint-Siège afin de l’affranchir de toutes redevances et taxes. Fin négociateur doublé d’un bon gestionnaire, il dote le domaine de bois, de vignes et de fermes.
Nicolas Rolin est aussi un grand mécène (peut-être qu’en lisant son nom vous avez pensé au tableau présenté au Louvre dans l’aile des écoles flamandes La Vierge au chancelier Rolin 😉) le domaine va accueillir un certain nombre d’œuvres d’art, l’un des incontournables étant le polyptyque du Jugement Dernier par Rogier Van der Weyden, mesurant pas moins de 5,50 mètres !
Installé à l’origine au-dessus du maître-autel dans la chapelle de la salle des Pôvres, il a été caché pendant la Révolution française, déplacé définitivement lors de sa restauration dans les ateliers du Louvre en 1875-1878, mais remis à sa place en 1970 lors de la visite du président Pompidou.






L’œuvre a été démonté afin de pouvoir montrer le revers et l’avers. N’oubliez pas qu’habituellement les triptyques et polyptiques sont fermés ou ouverts en fonction du calendrier liturgique.
Le polyptique est certes la pièce centrale, mais d’autres œuvres sont présentées dans la salle. Vous y trouverez des livres enluminés et des tentures.


Mais quand on évoque les Hospices de Beaune, cela n’est pas tant l’œuvre du peintre flamand qui nous vient en tête mais plutôt la grande salle accueillant les malades. Direction la salle des Pôvres !

Ce qui m’a marqué en entrant, c’est le plafond en forme de coque de bateau renversé culminant à 16m de haut. Pour ceux qui me connaissent, le plafond est toujours l’objet d’un émerveillement chez moi 😊
La salle reprend l’architecture hospitalière de base pendant le Moyen Âge avec un vaste espace combinant à la fois l’espace pour accueillir les malades et une chapelle qui se trouve au fond. Cela rappelle par la même occasion que les soins sont apportés tant au corps qu’à l’âme. L’espace est composé des lits qui se trouvent proches des murs alors que les tables pour prendre le repas se situaient au milieu. Cette salle aurait pu accueillir un très grand nombre de malades au vu de ses dimensions, mais les instruction d Nicolas Rolin étaient claires, le nombre maximum de lits a été fixé à trente.
La salle des Pôvres accueille ses premiers malades le jour de l’An 1452. Des campagnes de restauration ont eu lieu depuis le début du 19e siècle. Maurice Ouradour, élève et gendre de Viollet-le-Duc entreprit en 1872, la rénovation complète de la salle des Pôvres dont il avait agrandi la chapelle et aviat remeublé entièrement en style néogothique.


Pour accéder à la chapelle, il suffit de passer la clôture en bois qui avait comme fonction de séparer l’espace sacré de l’espace profane. Une reproduction du polyptyque de Van der Weyden est positionné au-dessus de l’autel, place d’origine de celui-ci. La chapelle sera restaurée au 19e siècle avec la volonté de revenir aux formes primitives. Parce qu’au moment de choix, c’est un décor-néo-classique qui était visible avec des murs peints en faux-marbre.
La chapelle a été consacrée le 31 décembre 1451, la veille de l’arrivée des premiers malades.
Guigone de Salins, a été inhumé aux pieds de l’autel. Ses ossements ont été malmenés pendant la Révolution française mais à nouveau inhumés dans la chapelle.



Continuons notre visite en nous dirigeant vers la salle Saint-Hugues. Cette salle des malades était réservée pour les personnes plus aisées, pour ne pas être mélangés avec les plus pauvres dans la salle des Pôvres. La salle a vu sa configuration modifiée au 17e siècle, l’étage a été supprimé afin de pouvoir percer les fenêtres. C’est à ce moment-là que les commandes pour les œuvres peintes ont été passées. Louis XIV va aussi apporter des modifications notamment le fait de séparer les hommes des femmes, parce qu’il ne trouvait pas cela correct que les deux sexes soient traités dans la même pièce. Ainsi, la salle des Pôvres sera réservée aux femmes et la salle Saint-Hugues aux hommes. Lors de son passage, il vient se recueillir devant la statue du Christ enfant dite « du petit roi » afin de prier pour la fertilité de sa femme qui ne lui avait pas encore donné d’enfants.
Concernant le fonctionnement de l’hospice, il est à noter que les plus pauvres ne payaient pas les soins alors que les riches offraient des cadeaux en échange des soins.
Intitulée salle Saint-Hugues, décorée avec des peintures à la gloire du saint, tout cela fait référence au mystérieux donateur, pas si mystérieux parce que nous avons son nom : Hugues Bétauld, natif de Beaune et receveur des consignations au Parlement de Paris. Les œuvres sur les murs sont réalisées avec un cadre en trompe-l’œil, la toile marouflée du plafond a été peinte dans le style maniériste, datée du 17e siècle.

La salle suivante était utilisée pour les opérations et l’emplacement des deux infirmerie. Cette salle est la conséquence de la réunion des deux infirmeries, une pour les femmes, une autre pour les hommes (séparation instituée après la visite de Louis XIV).
Elle présente de nos jours les outils des chirurgiens ainsi que des gravures. Ensuite, la cuisine parce qu’il est important de préparer les repas pour chaque résident. La cuisine est un des lieux les plus actifs parce qu’en toute saison il faut donner à manger aux malades, sans oublier la distribution de pain blanc à la porte de l’Hôtel-Dieu de manière quotidienne.


La dernière salle du parcours est l’apothicairerie, une salle qui m’impressionne toujours quelque soit le lieu (celle de l’Hospice Comtesse de Lille, celles du CIAP le 1204 à Dijon…). De voir ces dizaines de pots contenant les ingrédients ou les remèdes réalisés est toujours impressionnant, et cela permet aussi de voir l’évolution de la médecine, des soins apporter aux corps et à l’âme.
N’oublions pas non plus, qu’à l’époque tous les remèdes sont réalisés sur place. La forme des pots déterminent le contenu (sirops, eaux, pilules ou onguents) et les pots en verre (au nombre de 200(!) lors de l’inventaire révolutionnaire) conservaient les substances parfois surréalistes pour nous (poudre de guimauve, ambre gris, pierre divine, sel d’absinthe) mais dont les vertus thérapeutiques étaient tenues en haute estime à l’époque.


Et voilà, il est temps de quitter l’hôtel Dieu des Hospices de Beaune pour continuer le programme de découvertes de cette dernière journée. A lire dans les prochains articles 😉 !
Voici le lien vers le site internet pour préparer votre venue aux hospices : https://www.beaune-tourisme.fr/explorer/decouvrir-les-hospices-de-beaune/histoire-hospices-civils-de-beaune/
Lien vers le site ANCOVART : https://www.ancovart.fr/

Voici le lien vers les autres articles concernant le congrès
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