

L’Hospice Comtesse de Lille mets en lumière l’artiste Jef Aérosol. Artiste contemporain qui prend possession de la rue avec ses réalisations, régulièrement au pochoir, pour partager des messages artistiques, humains. L’artiste possède une signature qui permet de le repérer très facilement, c’est la flèche rouge 😉
Mais avant d’entrer dans le vif du sujet et de vous partager quelques photos de l’exposition, quelques mots pour vous présenter l’artiste, cela vous tente ?
Né à Nantes en 1957, de son vrai nom Jean-François Perroy, il vit et travaille à Lille depuis 1984. Il est issu de la première génération d’artiste urbain et a posé son premier pochoir en 1982 dans la ville de Tours. Depuis ce moment-là, il voyage à travers les villes du monde entier pour y déposer ses personnages par le biais du pochoir ou du collage. Personnages qui sont le plus souvent réalisés à l’échelle. Pour ses inspirations, il faut se tourner vers la musique, les icônes rock des années 1960-70 mais aussi les anonymes de tous âges et origines. De ses personnages résonnent toutes les émotions, ainsi ils deviennent universels et intemporels. Ils reflètent aussi le regard que pose Jef Aérosol sur le monde et sur son époque.
Avant les pochoirs que nous connaissons de nos jours, Jef Aérosol a dessiné et cela dès son plus jeune âge. Malheureusement, la plupart des dessins de sa petite enfance ont disparu mais quelque uns sont arrivés jusqu’à nous. Contrairement à l’époque du lycée et de l’université où l’artiste en archive un grand nombre. Ceux qui sont exposés à l’Hospice Comtesse permettent de montrer les différentes techniques qu’il utilise (encre de Chine, graphite, crayon de couleur, peinture, collage pour ne citer que quelques exemples) ainsi que l’inspiration qui est à la fois onirique, poétique, symbolique, un peu surréaliste voire parfois psychédélique.







Autre élément très présent dans le travail de Jef Aérosol : le photomaton ! 😊
Ses grimaces vont agrémenter les tirages pendant plusieurs décennies, tous comme les photocopieurs qu’il va utiliser après les avoir découverts lors de son poste de gardien de nuit à la fin des années 1970. Visage directement posé sur la vitre, effets aléatoires, délitement de l’image en la photocopiant à l’infini, déformations, voilà ce qui en ressort de ces jeux avec le photocopieur.
Sa première création publique est une commande réalisée en 1981, pour le groupe Private Jokes avec une affiche qui annonce les futurs pochoirs qui apparaîtront dans son œuvre quelques années plus tard.
Tous ces tests en photomatons ou avec les photocopieurs vont lui permettre d’associer les techniques dans ces œuvres en mixant les techniques du collage, de la photographie et de la photocopie.
Le photocopieur est un outil très utile pour la réalisation future de ses pochoirs. En effet, il va photocopier la photo, l’agrandir, puis tracer les contours au papier calque avant de les reproduire sur un carton et le découper. Par la suite, il sera possible de faire les photocopies sur des transparents que l’on peut projeter avec l’aide d’un rétroprojecteur : très utilise pour les pochoirs de grandes tailles. Support qui deviendra obsolète une fois les ordinateurs et imprimantes numériques mis à disposition du grand public.

Les premiers pochoirs de Jef Aérosol sont des single layer stencils. C’est-à-dire qu’il n’y a qu’une seule matrice que l’artiste va réutiliser un grand nombre de fois et qu’il va réparer avec de l’adhésif et des agrafes.
Il reprendra ce principe de déformation de l’image avec le pochoir. Mais comment ? En tenant la matrice de la main gauche, la déplaçant tout en bombant avec la main droite.
Les autoportraits de Jef Aérosol passent du noir et blanc à ses débuts à des couleurs plus vives, voire fluo. Des visages de rock-stars ou d’anonymes s’ajoutent. Seule la flèche rouge est un élément constant alors que le reste est évolutif tant la forme que le fond ou la technique. Elle devient comme une marque de fabrique ou l’ « élément perturbateur » selon l’artiste.






La Braderie de l’Art, née en 1991, organisée par l’association Art Point M, aux anciens bains municipaux de Roubaix (musée de La Piscine de nos jours). Les artistes détournent les objets mis à disposition par Emmaüs. Jef Aérosol participe aux trois premières éditions.
Cette même année, correspond à la première exposition personnelle de l’artiste dans la Galerie Sonia K, située dans le quartier du Vieux-Lille. En 1992, il sera invité par le FRAC (Fond Régional d’Art Contemporain) Nord-Pas-de-Calais pour une exposition personnelle. Démarrant le week-end de la Braderie de Lille, il va investir les murs, les vitrines, les trottoirs de panneaux de signalisation pour donner « un esprit braderie » décalé.
Jef Aérosol aime particulièrement peindre sur des objets de récupération.


La musique dans son œuvre est la thématique suivante dans l’exposition. Il réalisera notamment une exposition intitulée « Dites 33 ». Au débit de celle-ci, elle comporte 333 œuvres par 33 artistes. Mais à la fin (elle tourne en France et en Belgique) elle sera constituée de 999 œuvres par 99 artistes. Cette exposition est là pour rendre hommage aux disques 33 tours qu’il collectionne depuis sa jeunesse (sa collection est composée de plusieurs milliers d’albums et de 45 tours).
Jef Aérosol a réalisé plusieurs pochettes de disques pour : Louise Attaque, Henry Padovani, BBC, LEJ, Tribune Nikki Sudden, …
Ses parents lui ont offert sa première guitare à l’âge de douze ans.
Il se passionne également pour les instruments de musique qu’il accumule dans « sa music room » : la Rickenbacker de Dominique Laboubée, la vieille acoustique de Christophe, un dulcimer offert par son ami musicien Roger Burdy.
Ses goûts musicaux sont très variés, allant du folk, les musiques traditionnelles au punk, en passant par le blues, le garage rock …
Il monte son premier groupe au lycée, d’autres suivront tout en composant de la musique solo. Il animera également des émissions de radio.

L’espace suivant recréé un atelier qui s’inspire des différents lieux (lieux squattés ou partagés, une maison au fond du jardin, une cave humide à Wazemmes, un espace loué dans la rue, un coin de table dans son petit appartement tourangeau, actuel atelier en banlieue lilloise).


A l’occasion du passage à l’an 2000, le maire de Lille, Pierre Mauroy, sollicite l’artiste pour réaliser le visuel des vœux, mettant en scène le beffroi de l’Hôtel de Ville, rénové récemment. La ville de Lille fait l’acquisition de deux toiles auprès de l’artiste et l’image sera déclinée sous plusieurs formats (carte de vœux, affiche et estampe).

Le travail de Jef Aérosol s’articule autour de thèmes récurrents tout au long de sa carrière tels : la musique, l’enfance, les paysages urbains, les icônes, les personnes anonymes, la diversité. Tous les supports sont utilisés pour recevoir ses peintures et collages (bois, carton, béton, métal, papier…) et il continue d’exposer à travers des expositions et des festivals, dans les espaces publics tout au long des décennies suivantes et au gré de ses voyages.
A noter que les personnages réalisés dans les rues sont souvent représentés en pied, en grandeur nature et en noir et blanc, qu’ils soient célèbres ou non. Sans oublier la flèche rouge 😉









Les murs sont un des supports ayant accueillis de nombreuses œuvres de Jef Aérosol en quarante ans. Certaines d’entre elles ont été réalisé sans autorisation, mais cela n’est pas le cas de toutes. Les grandes fresques nécessitant du temps et de la logistique ont un caractère plus officiel.
Les murs accueillent les « lambeaux de poésie » déposés par l’artiste de New York à Rio de Janeiro. Ils sont éphémères, représentent des bouts de rêves, d’humanité, de simplicité et de bienveillance.


L’exposition se termine avec une incroyable installation dans la chapelle de l’Hospice Comtesse.
Plus de 200 personnages peints et grandeur nature, peints en noir et blanc sur du carton sont installés dans la chapelle. Vous retrouvez tous les âges, toutes les couleurs de peau, certains sont célèbres d’autres non. Les émotions sont nombreuses tout comme la situation sociale. Regroupés tous ensemble ici, ils nous ressemblent et deviennent comme un résumé de l’humanité.


Il vous reste jusqu’au 21 janvier 2024) pour aller (re)découvrir le travail de Jef Aérosol au musée de l’Hospice Comtesse.
Voici le lien vers le musée pour préparer au mieux votre venue : https://mhc.lille.fr/exposition-jef-aerosol-stories
A très vite pour de nouvelles découvertes ! 😊