Telle fut le titre de l’exposition sur l’archéologie funéraire à la Maison de l’Archéologie de Dainville. Un titre tout à fait approprié selon moi et j’ai vraiment beaucoup aimé la présentation proposée par l’équipe. Elle permettait à la fois d’évoquer la partie sur le terrain mais également la partie recherche et sciences.
Partons à la découverte de l’archéologie funéraire et des informations qu’elle apporte pour découvrir les us et coutumes de nos ancêtres.
L’introduction nous rappelle que dans chaque société, la mort et l’attention portée aux défunts a toujours été importante. Inhumation ? Crémation ? Rites autour du défunt ? Tout cela va être dévoilé pendant l’exposition.

Deux possibilités pour honorer les défunts : l’inhumation et la crémation. C’est avec ces deux notions que le visiteur entrait dans le vif du sujet.
La plus ancienne sépulture trouvée dans le Pas-de-Calais est datée du 5e millénaire avant. J.C. Elle est située sur la commune de Loison-sous-Lens, contient un corps enterré dans une fasse et est datée du Néolithique.
Pendant le Néolithique, les mégalithes font leur apparition. Il s’agit de sépultures collectives où on dépose les défunts successivement dans des allées couvertes constituées de dalles de grès. Dans les Hauts-de-France, se sont les mégalithes de Fresnicourt-le-Dolmen et de Chaussée-Tirancourt.
La crémation fait son apparition vers 1800 avant. J.C, sur le site de Leulinghen-Bernes.
L’inhumation redevient la pratique dominante vers 250 avant. J.C avec une jeune fille inhumé dans un silo sur la commune de Capelle-Fermont.
Les deux pratiques pour honorer les défunts s’alternent au fil des siècles sans en privilégier une plutôt que l’autre. Mais à la fin de l’Empire romain, l’inhumation devient plus courante jusqu’à devenir la norme avec l’avènement du christianisme. L’inhumation sera imposée par l’Eglise qui restera majoritaire jusqu’à nos jours. Depuis 1887, la loi sur les libertés de funérailles permet la crémation en France. Le premier crematorium a été construit au Père Lachaise en 1889. De nos jours, la crémation concerne 37% des funérailles conte 1% en 1980.


Une des étapes clé lors de fouilles de sites funéraires est le protocole de fouille qui est en place. L’enjeu : récolter un maximum d’informations et d’indices sur l’organisation de la tombe, les objets qui s’y trouvent et le traitement des restes humains. L’étape est crucaile parce qu’elle permet de comprendre les gestes funéraires qui ont été réalisés au moment des funérailles.

Avant d’entrer dans la tombe elle-même, les archéologues peuvent avoir des informations sur la tombe qui peut aller de la simple fosse creusée dans la terre à la construction monumentale. Les restes du défunt sont déposés dans un réceptacle dont le plus courant est le cercueil en bois lorsqu’il s’agit d’une inhumation. La pierre et le plomb étant beaucoup plus onéreux, ils sont peu utilisés. Les tombes peuvent aussi prendre la forme du défunt, elle est ainsi appelée tombe anthropomorphe.
En ce qui concerne la crémation, le réceptacle des cendres varie en fonction des époques : souple comme un sac en tissu, en cuir ou rigide comme un coffret en bois ou encor eune urne en céramique, en verre ou en métal.
Quand le matériau est périssable, il laisse très peu de traces et c’est la position des os et des objets qui permettent son identification. C’est ce qui est appelé la taphonomie.
« A l’origine, le cercueil sert pour le transport des défunts jusqu’au cimetière. Puis, il est laissé dans la sépulture pour faciliter la descente du corps dans la fosse. Enfin, à partir de 1830 et la mise en place des politiques hygiénistes, l’inhumation en cercueil devient obligatoire afin d’accélérer la décomposition des corps.
Le corps peut se décomposer en espace vide (dans un contenant) ou colmaté (en pleine terre). Lorsqu’il est dans un cercueil par exemple, les os se détachent les uns des autres. A l’inverse, le squelette d’un corps déposé en pleine terre reste en connexion anatomique. »
Si nous nous attardons sur les objets laissés dans les tombes, les archéologues relèvent le fait qu’ils évoluent en fonction de l’époque et qui peuvent être difficile à interpréter dans un premier temps. Plusieurs possibilités : des objets liés au défunt (son métier ou sa place dans la société), ils peuvent aussi correspondre à des outils, des armes ou encore un objet symbolisant une fonction religieuse ou politique.
Pendant la période romaine, nous retrouvons des offrandes alimentaires : quartiers de viande, œufs, céréales pour ne citer que quelques exemples. Ces offrandes sont souvent accompagnées de vaisselle en céramique, en verre et plus rarement en métal. Tous ces éléments peuvent pencher dans l’hypothèse d’un sacrifice et d’un repas partagé avec le défunt lors des funérailles. Les objets retrouvés peuvent aussi être liés aux croyances des populations dont on ne peut connaître la signification de nos jours. Malgré cela, ils restent des témoins de la société de l’époque.
« La présence d’une arme ne veut pas obligatoirement dire que le défunt était un homme, ni même un militaire ou un guerrier. La présence d’une parure ne signale pas non plus systématiquement une tombe féminine ».
Mais à partir du 8e siècle, l’Eglise prend la main sur les coutumes funéraires et interdit le dépôt d’objets dans les tombes. Même si quelques religieux et laïcs font figurent d’exception.
L’archéologue peut être confronté à deux possibilités : une tombe avec des ossements et des objets ou une structure sans ossements. Dans ce dernier cas, un terme spécifique est utilisé. Il s’agit d’un cénotaphe. Dans notre situation, les cénotaphes peuvent être élevés à la mémoire d’une personne qui n’a pas reçu de sépulture (une personne décédée à la guerre ou à l’étranger par exemple).

Il s’agit d’une amphore, et nous la connaissons comme récipient pour transporter de la nourriture. Mais celle-ci a été réutilisé et transformée pour devenir une urne funéraire. Dans cette urne qui a été retrouvé sur la commune de Thérouanne, les archéologues y ont retrouvé des restes de cendre du défunt ainsi que divers objets. Pour refermer l’urne, une tuile plate est utilisée et ensuite le col a été replacé au-dessus.
Si vous souhaitez en voir une trouvé dans le même contexte (mais sans la tuile et le col), je vous donne rendez-vous à la Maison de l’Archéologie de Thérouanne.
Voici le lien vers l’article présentant les collections de la Maison de l’Archéologie de Thérouanne : https://danslespasdececile.blog/2019/12/08/plongez-au-coeur-de-lhistoire/






L’endotaphe peut être retrouvé régulièrement dans les tombes. Il s’agit d’une inscription qui donne généralement le nom du défunt ainsi que la date du décès. La particularité ? Cet endotaphe est à l’intérieur de la tombe et caché aux yeux des vivants.






D’autres objets qui ont pu être retrouvé dans les tombes sont liés aux soins du corps. Ceci s’explique par le fait que dans la plupart des sociétés, le corps est lavé avant les funérailles. Ainsi, les peignes, pinces ç épiler, rasoirs, palettes à fard et flacons à parfum ont peut-être appartenu aux défunt et ont été utilisé une dernière fois.
Tout comme les matériaux composant le réceptacle, le linceul ou les vêtements arrivent rarement jusqu’à nous. Pour définir leur présence, les archéologues partent à la recherche de petits accessoires en métal tels que les épingles, agrafes, fibules et boucles de ceinture. Leur place dans la tombe permet par la même occasion de déterminer s’ils étaient portés ou juste déposés. Ils peuvent composer une parure et s’ajoutent aux bijoux qui se portent sur les bras, les jambes, le cou, les cheveux ou les oreilles.
Le défunt est ainsi « tiré à quatre épingles » avant d’être déposé sur le bûcher ou dans la tombe.




















Dans l’espace d’exposition, une bulle papale de la confrérie des Charitables de Béthune du 16e siècle. Nous pouvons y retrouver un sceau en plomb. Cette bulle est une indulgence pour les pêcheurs repentis. Elle est obtenue en contrepartie d’un acte de piété.


Un fac-similé d’un livre d’heures était aussi présenté ? Mais savez-vous ce qu’est un livre d’heures ?
Il s’agit d’un recueil liturgiques illustrés avec des enluminures qui sont soient en pleine page, ou alors il s’agit de la lettrine en début de paragraphe. Et pour terminer, il y a aussi les frises appelées marginalia qui encadrent le texte. L’objectif du livre d’heures est de regrouper les prières à reciter tout au long de la journée.
Celui qui est présenté reprend le chapitre concernant l’office des morts et il s’agit des reproductions d’enluminures que le visiteur pouvait apercevoir.
Une scène d’inhumation dans un cimetière, devant une église et une chapelle ossuaire avec les crânes que l’on pouvait apercevoir en galerie. L’inhumation se réalise avec un fossoyeur qui enterre le défunt emmailloté dans un linceul. Celui-ci est entouré d’un clerc, d’un assistant et de deux deuillants habillés en noir. Sur la troisième enluminure, l’enluminure représente un mort sorti de son caveau tenant une banderole où figure l’inscription Memento Mori (« Songe à ta fin »)

La dernière partie de l’exposition se consacre au volet laboratoire du métier d’archéologue. Parce qu’en effet, nous connaissons souvent les archéologues avec leurs pinceaux. Ils ont ainsi la mission d’identifier les objets récoltés sur le chantier de fouille. E, ce qui concerne l’archéo-anthropologue, il est en charge de déterminer l’identité et le vécu du défunt.

Cela peut sembler surprenant, mais les archéologues peuvent trouver un nombre important d’éléments concernant l’individu à partir des éléments retrouvés dans les tombes grâce aux objets qui deviennent des indices à analyser. Ainsi, ils peuvent déterminer la nourriture présente dans les bols et amphores. Aves les ossements, ils peuvent déterminer son genre, son âge ainsi que s’il y avait des maladies.
Les coutumes face à la mort permettent également d’obtenir des informations liées aux croyances et à la société. Malgré tous les éléments récoltés, certains gestes restent inaccessibles aux archéologues comme les oraisons funèbres, les chants et les danses qui sont réalisés pendant les funérailles. Ces pratiques ne laissent pas de traces physiques, mais pour autant cela ne signifie pas qu’elles n’aient pas eu lieu. Toutes informations combinées ensemble permettent aux archéologues de reconstituer les comportements face à la mort et de comprendre l’organisation et la gestion des espaces funéraires par les populations sur place. Le profil biologique, l’état sanitaire et le mode e vie des populations sont aussi reconstitué par les fouilles et les recherches qui en découlent.
« Dis-moi comment tu es mort, je te dirai comment tu as vécu ! »


Les dents et les ossements anciens sont une mine d’informations pour détecter les maladies et les traumatismes. C’est le paléopathologue qui nous livrent ces infirmations. Les conditions de vie, les régimes alimentaires et les soins médicaux reçus n’ont plus aucun secret pour lui.
Beaucoup de catégories de pathologies peuvent être détectés : les traumatismes, les carences, les excès alimentaires, les épidémies (sauf la peste et la variole qui ne laissent aucune trace sur le squelette), les tumeurs, les dentaires, les marqueurs d’activités, les maladies dégénératives, infectieuses et inflammatoires.


Les traumatismes fréquemment relevés sont les fractures qui peuvent être dues à une chute ou à un coup. Les fractures se consolident facilement mais si l’articulation n’a pas été bien immobilisée, un petit bourrelet osseux peut se former. Cest le cas sur les côtes qui étaient dans la vitrine.
Le scorbut est aussi visible sur les ossements, cela est causé par une importante carence en vitamines et est transmis par la mère quand elle est porteuse de la maladie. Le scorbut se retrouve surtout chez les marins et les enfants de moins de 6 mois. C’est aussi une conséquence de la malnutrition qui est peut-être mortel.


Nous avons aperçu un crâne qui est scié. Entre 1570 et 1793, la ville de Douai abrite la première faculté de médecine des Flandres er de l’Artois ; on y pratiquait les dissections pédagogiques.
L’espace laboratoire de l’exposition avait en son centre, une plateforme avec un squelette entouré de plusieurs outils pédagogiques afin de comprendre le travail et les techniques utilisées par les archéologues pour déterminer l’identité des ossements. J’ai trouvé que cet outil était très pédagogique et permettait à tous de pouvoir comprendre le travail d’analyse en en effectuant certaines soi-même avec les fac-similés présentés dans l’exposition.

Concernant l’âge, chez les enfants on estime le décès par le biais de l’évolution de la dentition entre dents de lait la première pousse vers 6 mois et la dernière tombe vers 11 ans) et définitives (les premières apparaissent vers 6 ans et à 12 ans, toutes les dents définitives sont normalement apparues, exceptés les dents de sagesse qui apparaissent vers 18 ans), et de l’ossification des os ou leur longueur. Contrairement aux adultes où les chercheurs se penchent sur l’usure des dents ainsi que le degré de fermeture des sutures crâniennes.
Il est établi que l’espérance de vie est :
- De 30 à 35 ans pendant l’époque gallo-romaine
- De 40 ans à la Révolution française
- De plus de 80 ans de nos jours
Le test ADN est utilisé afin de pouvoir déterminer le lien de parenté même sur les os anciens (même sur les os brûlés), ce qui est déterminant chez les enfants qui n’ont pas encore atteint la puberté. Chez l’adulte, c’est le bassin qui donne les meilleurs résultats : celui de la femme est plus large et moins haut afin de favoriser les grossesses. Le crâne et les os longs sont ensuite privilégiés et permet par la même occasion de définir la taille de l’individu. Taille qui va varier selon les époques parce que plusieurs critères entrent en compte (sédentarité, climat, accès à la nourriture, maladies, ou encore des événements comme la Révolution industrielle au 19e siècle).
Pour les crémations, nous pouvons relever que les os se fragmentent, se déforment et prennent différentes teintes de couleur (allant du noir au blanc, en passant par le bleu et le gris) qui varie en fonction de la température du bûcher et de la durée de combustion.

Toutes ces analyses permettent aux archéologues de comprendre les gestes funéraires comme si certaines parties du squelette sont privilégiées pour la crémation (sachant que le squelette adulte brûlé pèse environ 2kg) ou encore les offrandes qui accompagnent le défunt sur le bûcher.
Le squelette a une fonction importante parce qu’il s’gi d’un ensemble d’os articulés qui permet de marcher debout et de protéger les organes vitaux. Ils sont au nombre de 206 pour les adultes et de 270 pour les enfants. Certains individus peuvent avoir des os en plus comme une 13e sôte. Les os peuvent être classés dans différentes catégories ; longs (fémur, humérus), courts (phalanges, tarses), plats (sternum, omoplate), arqués (mandibule, côtes) ou rayonnés (vertèbres).
L’ossification est le fruit de la fusion des trois éléments composants les os longs (diaphyse et deux épiphyses) qui sont reliés par du cartilage et se transforme en os dans la zone de croissance.
L’os le plus petite du corps humain est l’étrier (osselet de l’oreille moyenne) qui mesure environ 0.25 cm alors que le plus long mesure plus de 50 cm et il s’agit du …. Fémur !
Cependant la conservation des os est inégale parce que plusieurs facteurs sont à prendre en compte : contenant funéraire, nature du sol, temps passé dans la tombe. Ce qui se conserve le mieux sont les dents parce qu’elles sont constituées de dentine (ivoire) recouverte d’émail.


Les analyses permettent aussi de détecter les maladies dont souffraient les individus. Par exemple sur la photo ci-dessous. Le deuxième élément en partant du bas à gauche, représente un calcul biliaire (cela me marque un peu plus que le reste étant donné que ces saletés me font souffrir actuellement avant de m’en débarrasser au cours du mois de décembre 😉). Celui qui est présenté pèse 25g et a été découvert à l’intérieur du bassin d’un squelette, sur un site de Saint-Omer. Fait rare puis qu’il se décompose habituellement avec le reste du corps.



Sur celle-ci, nous pouvons y découvrir la maladie de Forestier ou Dish. C’est une maladie qui touche surtout les hommes de plus de 65 ans présentant une obésité. C’est une maladie rhumatologique se caractérisant par l’ossification des ligaments, des tendons et des cartilages, provoquant ainsi des douleurs dorsales, des compressions nerveuses ainsi que des difficultés pour se déplacer.


Voilà l’aperçu de l’exposition. J’ai beaucoup aimé parce que j’ai appris beaucoup de choses tout en utilisant des outils pédagogiques. Lors de ma venue, j’ai aussi eu l’occasion de découvrir le sarcophage de plomb de plomb qui avait été trouvé lors d’une fouille à Arras (dans le secteur du faubourg d’Amiens). Si cette découverte vous intéresse, je vous donne rendez-vous sur cet autre article du blog : https://danslespasdececile.blog/2024/11/30/du-plomb-comme-derniere-demeure/
Et pour terminer voici le lien vers la page internet avec les informations pratiques pour vous rendre à la Maison de l’Archéologie de Dainville :
Ainsi que le lien vers la page pour les informations pratiques pour venir à la Maison de l’Archéologie. N’hésitez pas à revenir vers moi si vous avez des questions sur celle-ci parce que j’y travaille 😊
A bientôt pour de nouvelles découvertes ! 😊
Voilà l’aperçu de l’exposition. J’ai beaucoup aimé parce que
j’ai appris beaucoup de choses tout en utilisant des outils pédagogiques. Lors
de ma venue, j’ai aussi eu l’occasion de découvrir le sarcophage de plomb de
plomb qui avait été trouvé lors d’une fouille à Arras (dans le secteur du
faubourg d’Amiens). Si cette découverte vous intéresse, je vous donne
rendez-vous sur cet autre article du blog : https://danslespasdececile.blog/2024/11/30/du-plomb-comme-derniere-demeure/Et pour terminer voici le lien vers
la page internet avec les informations pratiques pour vous rendre à la Maison
de l’Archéologie de Dainville : https://archeologie.pasdecalais.fr/Archeologie/Maison-de-l-Archeologie/Venir-a-la-Maison-de-l-ArcheologieAinsi que le lien
vers la page pour les informations pratiques pour venir à la Maison de
l’Archéologie. N’hésitez pas à revenir vers moi si vous avez des questions sur
celle-ci parce que j’y travaille 😊https://www.patrimoines-saint-omer.fr/Les-equipements/La-Maison-de-l-Archeologie-de-Therouanne-2000-ans-d-histoire-un-siecle-d-archeologieA bientôt pour de nouvelles découvertes ! 😊
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