Après un repas bien copieux dans un bouchon lyonnais, il était temps d’éliminer un peu en se remettant en marche pour la dernière découverte au cœur de la ville. La collègue nous emmène en Presqu’Île pour nous faire trabouler encore un peu avant d’arriver à destination.
Mais qu’est-ce que la Presqu’Île ?
C’est le cœur de la ville où on se retrouve pour flâner dans les magasins, boire un verre, aller au théâtre ou pour les jours de grands rassemblements. Le patrimoine historique des musées côtoie l’audace de l’architecture contemporaine.


Le creusement d’un parking en 1966 révélait que le quartier avait été drainé dès l’Antiquité. Le sud de la Presqu’Île est marécageux, entrecoupé par les « lônes » (bras morts que le Rhône laisse fréquemment derrière lui).
La place d’armes de Bellecour est pour la première fois aménagée lors de la Renaissance, en parallèle du développement de la ville marchande de la rive droite à la rive gauche de la Saône. Dans le prolongement du pont de pierre, s’installe aux 15e et 16e siècles les grandes merceries, passementeries ainsi que les libraires et les imprimeurs. Il ne faut pas oublier également à la même époque l’installation des communautés religieuses.
Entre la Renaissance et le 19e siècle, le quartier se construit et se densifie pour grignoter des terres sur le fleuve par le biais des marécages et des îles vers les Terreaux. Avec l’industrie de la soie, le centre économique se déplace pour arriver en Presqu’Île tandis que le pouvoir administratif s’y ancre avec la construction de l’Hôtel de Ville
Au 18e siècle, Soufflot met en place une grande opération immobilière qui impacte le Grand Hôtel Dieu implanté dans le quartier depuis le 14e siècle.


Nous avons traboulé dans le Crédit Lyonnais, bâtiment splendide dont vous pouvez apercevoir l’escalier en photo juste au dessus qui est de style Art Nouveau. C’est la première banque moderne parce qu’il ne s’agit pas de capitaux familiaux. A l’extérieur nous pouvons y voir une plaque indiquant que Sadi Carnot s’est fait assassiner ici après avoir inauguré l’exposition universelle.

La petite anecdote qui a été glissé à ce moment c’est à propos de Julie-Victoire Daubié. Vous connaissez cette journaliste, militante du droit des femmes, née le 16 mars 1824 ?
C’est la première femme française à s’inscrire aux épreuves du baccalauréat à Lyon en 1861, et la première à l’obtenir le 17 août 1861. C’est aussi la première licenciée ès lettres le 28 octobre 1871, à l’époque où les cours à la Sorbonne ne sont pas ouverts aux femmes.
Nos pieds s’arrêtent devant le Grand Hôtel Dieu qui est notre destination de l’après-midi, bâtiment qui a été entièrement réhabilité.
Il a longtemps été un emblème de la ville, parce que son fonctionnement exemplaire pour le soin et le secours des malades et des pauvres donna en son temps à la ville le titre de « ville de la charité » .
Si les origines du bâtiment remontent au 12e siècle, la plupart des bâtiments datent du 17e siècle, dont la chapelle de style Louis XIII. Sa façade restaurée a été agrandie au 18e siècle par Soufflot, à l’époque où l’Hôtel-Dieu brillait comme l’hôpital le plus moderne d’Europe.
Au 21e siècle, le centre hospitalo-universitaire dépendant des Hospices civils de Lyon a été jugé inapte à la médecine moderne. Il a ainsi fermé ses portes en 2011 pour une reconversion complète (hôtel de luxe, bureaux, logements et un espace sur la gastronomie)



Le site a été classé Monument historique et a ouvert à nouveau ses portes après les grands travaux dirigés par Eiffage en 2018.
L’hôpital est la propriété de la commune de Lyon depuis 1478 et le maire de Lyon en est toujours le président. L’Église reste toujours très présente. Les recteurs dirigent l’établissement jusqu’à la Révolution française.
Dans le premier bâtiment était, jusqu’au début du 17e siècle, entreposé les ossements. Il y a également des références de tombes juives (18e) et protestantes (17e et 18e). Le Grand Rabin de Lyon est venu pour officier une grande cérémonie avant de déplacer les corps.

Le plan est astucieux pour permettre l’aération des espaces. Un petit dôme surplombe le plan en croix, ce qui permet par la même occasion la séparation des malades. On pouvait y mettre jusqu’à 400 malades dans les quatre ailes de l’hospice.

On y accueillait aussi les repenties pour qu’elles puissent revenir dans le droit chemin, mais lorsqu’il y avait des personnes de l’extérieur dans l’enceinte du bâtiment, elles étaient enfermées.
Le bâtiment accueille dès 1520 des sœurs hospitalières. Elles ne seront religieuses qu’à partir de 1933 (des veuves, des jeunes filles qui ne connaissent pas la vie ou encore des enfants qui ont vécu à l’hospice). Elles prononcent des vœux annuels.

L’hygiène va aussi évoluer. Quant au départ, la grande toilette avait lieu tous les trimestres, la médecine au 18e va mettre en avant l’importance de se laver plus souvent, notamment les mains en ce qui concerne les chirurgiens-barbiers qui avaient pour habitude d’utiliser la même lame alors qu’ils s’occupaient d’un accouchement, puis d’un mort ou d’un malade.
L’Hôpital de la Charité est créé au 17e siècle sur la place Bellecour et on y envoi les pauvres : « On sait quand on y entre mais quand on en sort ! »
Les fonctions sont séparées en fonction des espaces avec la charité qui s’occupe des biens matériels alors que l’Hôtel-Dieu s’occupent des soins comme la mal napolitain (autre nom pour la syphilis)
Pendant la Première Guerre mondiale, l’hôpital de Lyon soignera les « gueules cassées » alors que le bâtiment et le dôme seront détruits pendant la Deuxième Guerre mondiale.




Voici le lien vers le site internet du Grand Hôtel-Dieu de Lyon. Vous pourrez y découvrir tous les services qui sont proposés ainsi que l’accès aux textes de l’audio-guide : https://grand-hotel-dieu.com/fr
Ainsi que le lien vers le site de l’association ANCOVART : https://www.ancovart.fr/
A très vite pour de nouvelles aventures 😊
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