
L’Océanie avait déjà croisée la route d’Elicec il y a quelques mois au Musée de l’hôtel Sandelin. Un focus sur les armes océaniennes ainsi que des objets relatifs au culte.
Le musée du Quai Branly en a donné l’occasion avec son exposition temporaire sur l’Océanie. Donc direction Paris pour voyager au frais (c’était pendant les jours de canicules !).
Mais au fait, c’est quoi l’Océanie ?
La première fois que le terme est utilisé, c’est au 19e siècle, par des géographes français et cela pour désigner la partie du monde situé entre l’Amérique et l’Asie. Plus connu aujourd’hui par « les îles du Pacifique ». En regardant en arrière, Dumont d’Urville avait réalisé un découpage du Pacifique avec les termes suivants : Polynésie, Micronésie et Mélanésie en 1831.
Suivez Elicec dans sa découverte de l’exposition ! 😊

Cette œuvre contemporaine par le rendu, les techniques utilisés font référence à la tradition textile, et plus particulièrement les étoffes d’écorces, qui confère prestige et influence aux femmes qui les réalisent. L’évocation de la mer (moana) est aussi très présente, évoquant l’océan comme une métaphore du peuple maori.
L’eau est en effet au cœur de la vie quotidienne de ces peuples d’Océanie. L’exposition s’ouvre de façon logique sur les pirogues et ce qui entoure son utilisation.

Ici, une proue de pirogue en forme de crocodile … il favorise le succès des expéditions guerrières ou des échanges. Il est aussi symbole de puissance…


… et là une « pirogue des âmes ». Cette pirogue peut jouer un rôle important dans l’initiation des jeunes hommes asmat, et intervient dans les rites de puberté. Cette pirogue n’est jamais immergée, et n’a pour passagers que des animaux (tortues et oiseaux), des esprits de l’eau et des défunts en route pour l’au-delà.

D’autres pirogues ont pour usage la pêche, celle du requin, les éléments sculptés à chaque extrémité évoquant les ailerons du squale que les hommes partent chasser au-delà de la barrière de corail, tandis que les femmes restent dans le lagon.
L’exposition au Musée de l’hôtel Sandelin a été l’occasion d’en apprendre un peu plus sur les coutumes et la culture océanienne et notamment sur un poisson en particulier, la bonite, que nous avons retrouvé sur une des pirogues présentées dans l’exposition. Nous vous laissons la découvrir avant de vous en parler… 😉



La bonite, étant une sorte de thon, possède une grande importante dans la culture océanienne. Elle se déplace en bancs et apparaît une seule fois par an. Les pêcheurs la remarque car avec la concentration de poissons, les oiseaux pêcheurs et les requins se regroupent également. La présence de ces trois animaux (requin, oiseau pêcheur et bonite) est une manifestation divine. La bonite étant le réceptacle de l’énergie vitale.

Les communautés conservent un lien très fort avec les ancêtres et l’architecture, les arts nous permettent d’en percevoir une partie. L’architecture reflète notamment les espaces dévoués à chacun, la pratique des cérémonies mais également la hiérarchie sociale.

En plus de cette architecture, le décor est présent à l’extérieur et à l’intérieur des édifices maoris. Les éléments sculptés comme ce « poupou » sont confectionnés par les femmes. Les « poupou » représentent des ancêtres spécifiques, qui sont identifiables aux tatouages et autres attributs que peuvent être les armes. Ici nous retrouvons les tatouages avec les spirales présentes sur tout le corps ainsi que de la nacre d’haliotis pour les yeux.


Les cérémonies ponctuent la société, avec une préparation durant plusieurs mois. Pendant ces cérémonies accompagnées par de la musique, le corps est un instrument de cette cérémonie. Il est orné de parures ou de masques éloquents.
Voici l’un des coups de cœur d’Elicec pour cette section qui est une œuvre contemporaine : un piano décoré. Celui-ci est décoré de motifs typiquement maori, rappelant celui utilisé pour les pirogues (waka), ou les maisons de réunion (wharenui).


Ce piano, transformé en œuvre d’art par Michael Parekawhai pour la Biennale de Venise en 2011, suggère la possibilité d’un mouvement contraire à celui de la mission « civilisatrice » prônée par les colons européens. Il invite au questionnement identitaires et artistiques en Nouvelle-Zélande et dans le Pacifique de façon plus large.
Le deuxième coup de cœur de la section sont les différents masques et coiffes qui sont présentés. Le premier masque est un masque « aiaimunu ». Il représente un esprit venant le temps d’une danse s’incarner dans le corps d’un danseur. Ils sont portés par les hommes. Pendant une période, ils ont été mis de côté mais sont à nouveau utilisés aujourd’hui.


Le deuxième masque est appelé « kavat » et intervient lors de danses nocturnes et sont dédiés aux esprits de la nature comme les animaux ou la forêt. Ils sont complétés d’un costume en fibre et danse au milieu des flammes au rythme d’un orchestre entièrement masculin.
Et voici une coiffe qui ne pouvait être porté que par un homme…

… (rarement par une femme) haut placé dans la société Roro (ou Makéo) au cours des cérémonies dansées. Peut être que cette coiffe a aussi servit comme emblème d’appartenance clanique. En tout cas, il s’agit d’une accumulation de matériaux précieux (plumes, ornements en coquillages et écailles de tortues découpés). Cette coiffe est principalement utilisée lors des transactions matrimoniales.
Dans le Pacifique, les alliances s’inscrivent dans des cycles d’obligations rituelles, qui parfois se font sur plusieurs générations et marquent ainsi les principales étapes d’une vie (naissance, initiation, mariage, décès). La réunion de matériaux précieux et exotiques est symbole de prestige et d’influence.

Cette œuvre contemporaine de John Pule, dans la dernière section de l’exposition, tente de capturer la notion de perte présente dans cette société mais également à travers le monde. Cinq panneaux sont représentés ici avec des épisodes que beaucoup connaissent : Guerre du Golfe, attentats des World Trade Center. A cette destruction est ajoutée des œuvres d’art renversés, des figures de divinités océaniennes croisées dans les précédentes sections de l’exposition.
Terminons notre voyage avec ce masque …

… « de deuilleur ». Il représente un chef, voire même une lignée de chefs, il représente ainsi la tutelle des aînés qui est un principe social important. Les matériaux utilisés sont associés à la mort. Les cheveux sont ceux des « deuilleurs », qui sont chargés des rites funéraires suivant le décès d’un chef. Suite à une période de réclusion, les « deuilleurs » se coupent les cheveux, qui seront utilisés dans les cérémonies de levée de deuil.

A bientôt pour de nouvelles aventures !
L’exposition est visible encore pour quelques jours, elle se termine ce dimanche !
Voici le lien vers le site du musée pour préparer votre visite 😉 https://bit.ly/2BAjO6C