Incu…quoi ?

C’est avec du retard (vraiment beaucoup !) que l’article sur l’exposition des incunables est enfin prêt… Du retard, car l’exposition à la BAPSO est terminée depuis mi-décembre… Mais cela n’empêche pas le partage des superbes livres imprimés qui ont été découverts par Elicec 😉

Et avouons de suite que les textes ont été repris des écrits présentés dans l’exposition 😊

Mais tout d’abord, qu’est-ce qu’un incunable ?

« On a longtemps considéré que le mot incunabula fut employé pour la première fois dans le domaine du livre en 1640 […] (par) le doyen du chapitre cathédral de Münster […]. Il y évoque les premiers imprimés sous le terme « incunable », et borne la période consacrée : ante annum secularem 1500 (avant l’année 1500).

Mais en 2009, Yann Sordet souligne qu’en réalité le doyen a très probablement emprunté cette expression au médecin et philologue hollandais Hadrianus Junius, qui l’emploie dès le milieu du XVIe siècle. […] Junius emploie le terme incunabula pour évoquer les premières réalisations de l’art typographique. »

L’exposition présentée par la BAPSO présentait ainsi des incunables présents dans ses collections (200 éditions incunables) qui ont été imprimés dans plusieurs ateliers des Pays-Bas, de la vallée du Rhin, de l’Italie du Nord ainsi que des ateliers français.

Au fur et à mesure des vitrines, le visiteur a eu l’occasion de découvrir plusieurs aspects présents dans ces éditions : la composition générale d’un incunable, les décors, la présence de la couleur, la gravure dans ces ouvrages. Il y a également la présence de certains ouvrages rares présents dans les collections qui sont présentés comme la Bible de Gutenberg.

« Les premiers imprimés s’inspirent directement des manuscrits, qui conservent un certain prestige. Cette volonté de se rapprocher au plus près des écritures à la main est en partie motivée par des habitudes de lecture établies depuis plusieurs siècles, qui auraient rendu difficile le déchiffrement de volumes imprimés avec des caractères radicalement différents des lettres manuscrites. 

Les lettres gothiques sont néanmoins progressivement remplacées par des lettres romaines ou des bâtardes inspirées des écritures courantes du XVe siècle. On s’adapte aussi à l’évolution même de l’écriture manuscrite. Ainsi, les lettres italiques sont commandées par l’imprimeur vénitien Alde Manuce à son typographe Griffo, afin d’imiter au mieux l’écriture que développent les humanistes de la Renaissance. »

Il ne faudra oublier des ajouts réalisés par les imprimeurs pour qu’ils soient identifiables : le colophon, qui indique le nom de l’imprimeur ou du libraire, mais également la date et le lieu de l’édition. Ils apposeront par la suite une marque permettant au premier coup d’œil d’être reconnu.

La composition même du livre imprimé diffère du livre d’aujourd’hui : il faut attendre la fin du XVe siècle pour voir apparaître la page de titre. Car auparavant, le livre commençait directement avec les premiers mots du texte.

Mais qu’en est-il des décors que l’on découvre sur les pages des ouvrages ?

« Comme pour la mise en page, la décoration des premiers imprimés s’inspire de celle des manuscrits. Ce décor est d’ailleurs souvent lui-même manuscrit, car tous les éléments de couleur sont ajoutés à la main dans un second temps. […] Toutefois, cette méthode chronophage est rapidement abandonnée […]. »

Les lettrines sont généralement exécutées à la main par un enlumineur, guidé par les « lettres d’attentes » (minuscules caractères imprimés ou inscrits à l’encre noire dans les espaces où le peintre doit intervenir). Ces lettres enluminées sont aussi travaillées que dans les manuscrits. »

« Un décor plus important va se développer progressivement, avec, d’une part, les lettrines, ou « lettres grises » quand elles désignent un ornement typographique, et, d’autre part, les bois gravés insérés dans les livres. Les premiers bois gravés sont les « bandeaux » qui viennent agrémenter les pages de titre et remplacent les ornements marginaux des manuscrits. Il y a aussi les marques des imprimeurs, sur la page de titre ou à la fin de l’ouvrage, qui servant de bandeau publicitaire avant l’heure. »

« Le principe de la gravure sur bois pour orner les livres se développe pendant plusieurs siècles. Les artistes s’inspirent souvent des cycles iconographiques des grandes traditions manuscrites. […]

Les matrices de ces gravures coûtent cher et font partie du fonds des commerces. Elles sont souvent réemployées dans des contextes divers. De même, leurs modèles circulent beaucoup et, comme il n’y a pas de copyright à cette époque, il n’est pas rare qu’un libraire fasse copier les motifs d’un livre concurrent pour les intégrer à sa propre production. »

Elicec adore admirer les livres manuscrits et enluminés, notamment pour le travail d’orfèvre effectué par les maîtres enlumineurs mais également pour les couleurs présentes, qui pour beaucoup d’entre elles, ont gardé leur puissance visuelle. Mais la couleur est-elle toujours aussi présente dans les ouvrages imprimés ?

« Le livre imprimé laisse globalement une place moins importante à la couleur que le manuscrit. […]

L’adjonction de couleur devient alors un élément de luxe, souvent dévolu à des enlumineurs, dont l’activité fleurit encore jusqu’à la fin du XVIe siècle. Libre à l’acheteur de faire enluminer son livre, s’il a en les moyens. Là encore, la mise en couleur peut être plus ou moins fine, plus ou moins riche, allant de simples rehauts dans certains bois à de riches lettres ornées et à la mise en peinture des illustrations quand il y en a. »

Les collections de la BAPSO regorgent de petits trésors qui sortent de temps en temps, en fonction des expositions présentées ou lors de journées spécifiques (comme les Journées du Patrimoine qui permettent aux visiteurs de (re)découvrir le First folio de Shakespeare ou la Bible de Gutenberg par exemple).

Mais cette exposition sur les incunables permet de découvrir d’ouvrages rares : Sermo super psalmum L : Miserere mei Deus de Jean Chrysostome, imprimé en 1466. Le livre imprimé présenté fait partie des neufs exemplaires actuellement recensés dans le monde !

Elle possède également la confirmation de la nomination de Jean le Vasseur, prieur des Dominicains de Saint-Omer, comme inquisiteur dans les diocèses de Thérouanne, Cambrai, Arras et Tournai.

Bien évidemment, Elicec s’est arrêtée devant l’exemplaire de la Bible de Gutemberg que possède la bibliothèque. Habituellement, elle est présentée lors des Journées du Patrimoine, mais la guide d’Elicec travaillant pendant ces journées, elles n’ont jamais eu l’occasion de la voir, c’est chose faite !

Et une dernière photo pour la route avant de vous laisser vaquer à vos occupations diverses ! 😊

Une réflexion sur “Incu…quoi ?

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