La rotation des estampes du fonds japonais du musée Sandelin mets en lumière les paysages jusqu’au 12 mai 2024. Les estampes et peintures ont été choisies parmi les 41 peintures et 70 estampes qui composent ce fonds. Sans oublier que certaines de ces œuvres sont signées par de grands noms d’artistes japonais.
Quelques informations sur le genre paysager au pays du Soleil Levant avant de vous dévoiler les estampes visibles 😉

Le genre paysager apparaît de bonne heure avec l’influence de la peinture bouddhique chinoise, avec notamment la représentation du paradis de l’Ouest. Le style dit Yamato s’imprègne de la topographie montagneuse du pays. Les écoles artistiques vont s’intéresser au sujet des paysages dès le 17e siècle. Les trois plus prolifiques encore plus que les autres qui sont les écoles Kano, Tosa et Rinpa.
L’école Rinpa, connu pour son extrême épuration des sujets (parfois tendant jusqu’à l’abstraction) s’empare des sujets littéraires et ne conservant que les éléments paysagers qui y sont décrits. Une des œuvres exposés dans le focus est issu de cette école (issu de l’art d’Ogata Kōrin), il y a une très grande stylisation dans cette représentation qui tend vers l’abstraction.
L’iris et la branche de cerisier en fleurs sont deux motifs récurrents dans la peinture japonaise qui évoquent à la fois le printemps et l’art des jardins.

Mais le genre paysager va connaître un véritable essor à partir de la seconde moitié du 18e siècle avec les gravures ukiyo-e dont les deux représentants le plus connus sont Hokusai et Hiroshige.

La première estampe est signée par Hokusai et représente un des symbole du pays : le mont Fuji. Celui-ci est représenté au niveau du pont de Mannenbashi à Fukagawa, qui donne le nom à l’œuvre. Ainsi, c’est la courbe du pont avec les personnages qui marchent dessus qui va attirer le regard en premier pour laisser place ensuite au mont Fuji dans l’arrière-plan, sous le pont. Les personnages représentés sur l’estampe font partie de la classe sociale basse, Hokusai ayant toujours été sensible à la vie « du petit peuple »
Les deux estampes suivantes sont mes coups de cœur de l’accrochage : la première est intitulée Neige sur le pont Nihon à Edo et est de Hiroshige alors que la deuxième est anonyme, Paysage au coq.

Le paysage enneigé d’Hiroshige fait partie de la série Célèbres vues de la capitale de l’est (Toto Meisho) et nous apercevons à nouveau le mont Fuji dans le lointain mais de nuit. La neige tombe de manière naturelle sur les chapeaux des personnages traversant le pont. La nature semble en suspension et très calme, sereine.
Je trouve cette estampe très reposante, où est-ce la nostalgie des chutes de neige ? 😉
L’estampe représentant un coq est la deuxième estampe coup de cœur parce qu’il s’agit d’un motif simple, j’ai presque eu l’impression qu’il s’agissait d’un dessin au crayon. Peut-être également parce que je viens de reprendre le crayon pour croquer des détails qui m’entourent…

Ce paysage représente un coq au premier plan perché sur une balustrade, avec en arrière-plan une petite maison, un arbre ainsi que le soleil levant qui se lève dans le lointain. Le texte et la signature qui se situe sur la gauche n’ont pas été déchiffré ».
La dernière estampe exposée est nommée Crépuscule à Numazu et elle a été réalisée par Hiroshige. Elle fait elle aussi partie d’une série : Cinquante-trois étapes de la route du Tōkaidō (qui relie Edo à Kyoto). Les deux personnages représentés sont en train de marcher et porte des éléments qui sont reconnaissables comme le masque de Tengu (créatures légendaires). C’est un démon qui a un long nez, et dans la religion shinto il s’agit d’une divinité en lien avec la protection des montagnes et de la forêt. Les personnages ont ainsi comme probable destination le sanctuaire de Konpira.

Et voilà la petite présentation des quelques estampes et de la peinture est chose faite. J’espère que cela vous donne envie de venir les découvrir ou redécouvrir 😊
Voici les liens ver les autres articles concernant les estampes japonaises qui ont déjà été exposées :
- Récits guerriers : https://danslespasdececile.blog/2023/10/21/recits-guerriers/
- Bijin : https://danslespasdececile.blog/2020/06/03/lart-de-lestampe-et-les-bijin/
- Théâtre : https://danslespasdececile.blog/2020/03/18/kabuki-ou-no/
- Le costume : https://danslespasdececile.blog/2024/07/23/lhabit-ne-fait-pas-le-moine/
SI la technique vous intéresse, voici le lien vers l’article qui vous donnera quelques informations sur la technique de l’estampe : https://danslespasdececile.blog/2023/11/02/cest-quoi-une-estampe/
Et bien évidement, voici le lien vers le site du musée Sandelin pour préparer votre venue : https://www.musees-saint-omer.fr/informations-pratiques/
Pour réaliser cet article, j’ai effectué quelques recherches sur le genre paysager au Japon et je suis tombée sur des articles intéressants que je vous partage ici :
- Un article sur le site de la BnF mettant en avant l’estampe de paysage (article très complet avec des renvois vers d’autres articles si vous souhaitez en apprendre plus) : https://essentiels.bnf.fr/fr/arts/arts-graphiques/b615f57e-d58c-4629-a452-0316d579ebe2-estampes-japonaises-images-monde-flottant/article/7e73cd7a-e7b8-4e8a-a923-8653ae3345da-avenement-estampe-paysage-19e-siecle
- Un article sur le site BeauxArts qui permet de découvrir plusieurs artistes ayant réalisé des estampes de paysages : https://www.beauxarts.com/expos/les-paysages-japonais-ou-la-poesie-de-lephemere/
- Un article sur les Tengu et autres créatures japonaises : https://universdujapon.com/blogs/japon/tengu
A bientôt pour de nouvelles découvertes 😊
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