Le Petit Palais a ouvert ses portes à la curiosité d’Elicec pour la première fois depuis qu’elle réalise des virées parisiennes. En effet, l’habitude l’emmène plutôt sur le trottoir d’en face avec le Grand Palais.

Deux expositions ont été misent en place pour mettre en avant un même courant mais dans deux pays différents. Elicec vous emmène découvrir le premier pays mis à l’honneur sous le prisme du Romantisme !
L’exposition « L’Allemagne romantique » permet de découvrir des artistes allemands à travers le fonds graphique de la Klassik Stiftung Weimar, constitué par Goethe pour sa collection privée ainsi que celle du duc de Saxe-Weimar.
« Les portraits, les scènes de genre, les compositions inspirées de la Bible et des légendes médiévales, les représentations de châteaux en ruines, mais surtout les paysages, abordés à travers toutes les techniques, donnent à voir la diversité des talents, la variété des inspirations et le foisonnement des recherches formelles et esthétiques des artistes germaniques ».
Une différence importante est à souligner, contrairement à la France qui voit un monopole s’installer sur la ville de Paris, l’Allemagne a pendant longtemps été composé de plusieurs états souverains hérités du Moyen Âge. Au 18e siècle, la littérature, les arts et la musique ont connu de grandes transformations bouleversant ainsi les règles et les pratiques. Même si le mouvement romantique n’a pas eu de chef de file, les artistes se sont accordés pour privilégier l’expression des passions et la subjectivité de leur vision.
La première pièce a été un véritable régal pour Elicec et sa guide-conférencière car elle est consacrée à Johann Heinrich Füssli.
Voici le premier tableau de cet artiste découvert par nos deux acolytes !

Il était exposé au Musée de l’Hôtel Sandelin en 2017 dans le cadre de l’exposition « Shakespeare romantique ». Il représente Lady Macbeth en plein délire nocturne.
Ce qui a frappé c’est la folie visible dans son regard, comme si nous étions en face d’elle, témoin de ces hallucinations !

Mais revenons à nos moutons et aux œuvres exposées dans le Petit Palais, voici quelques photographies d’œuvres de Füssli exposées en ce moment : une scène d’incantation avec une sorcière près de l’autel …

…. Dante dans son cabinet de travail ….

… et un homme âgé.

Füssli est considéré comme un des artistes visionnaires de son temps. Il est à le fois un héritier du rationalisme du siècle des Lumières et adepte d’un style maniériste très personnel, il devient un précurseur du romantisme noir. Il sera le représentant majeur du Sturm und Drang (« tempête et passion »), il s’agit d’une génération d’artistes tournés vers des questions existentielles comme la réflexion sur soi, le doute, la solitude et la mort.
Un autre artiste mondialement reconnu est présenté dans cette exposition et il s’agit d’un maître du paysage : Gaspar David Friedrich.
Tous ces sujets reposent sur une étude minutieuse et approfondie d’après nature. L’artiste va ensuite retravailler le sujet jusqu’à lui apporter une symbolique plus complexe. Dans ses œuvre, l’absence de profondeur et de perspective invite le spectateur à la méditation.

D’autres artistes sont présentés comme Franz Kobell avec « Paysage avec grotte, tombeaux et ruines au clair de lune »

Terminons avec une œuvre de Ferdinand Von Olivier réinterprétant un poème de Goethe. Elle mêle des influences médiévales et fantastiques. Un père, par une nuit d’orage, est poursuive par une créature maléfique qui n’est autre que le roi des aulnes, alors qu’il porte dans ses bras son fils mort.

Mais qui est le roi des aulnes ? Il s’agit d’une créature représentée plusieurs fois dans des poèmes allemands. Elle hante les forêts et entraîne les voyageurs vers la mort. Le poème qui inspire l’artiste a été écrit par Goethe en 1782 (traduction de Charles Nodier)
« Quel est ce chevalier qui file si tard dans la nuit
et le vent ?
C’est le père avec son enfant ;
Il serre le petit garçon dans son bras,
Il le serre bien, il lui tient chaud.
« Mon fils, pourquoi caches-tu avec tant d’effroi ton visage ?
— Père, ne vois-tu pas le Roi des Aulnes ?
Le Roi des Aulnes avec sa traîne et sa couronne ?
— Mon fils, c’est un banc de brouillard.
— Cher enfant, viens, pars avec moi !
Je jouerai à de très beaux jeux avec toi,
Il y a de nombreuses fleurs de toutes les couleurs sur le rivage,
Et ma mère possède de nombreux habits d’or.
— Mon père, mon père, et n’entends-tu pas,
Ce que le Roi des Aulnes me promet à voix basse ?
— Sois calme, reste calme, mon enfant !
C’est le vent qui murmure dans les feuilles mortes.
— Veux-tu, gentil garçon, venir avec moi ?
Mes filles s’occuperont bien de toi
Mes filles mèneront la ronde toute la nuit,
Elles te berceront de leurs chants et de leurs danses.
— Mon père, mon père, et ne vois-tu pas là-bas
Les filles du Roi des Aulnes dans ce lieu sombre ?
— Mon fils, mon fils, je vois bien :
Ce sont les vieux saules qui paraissent si gris.
— Je t’aime, ton joli visage me charme,
Et si tu ne veux pas, j’utiliserai la force.
— Mon père, mon père, maintenant il m’empoigne !
Le Roi des Aulnes m’a fait mal ! »
Le père frissonne d’horreur, il galope à vive allure,
Il tient dans ses bras l’enfant gémissant,
Il arrive à grand-peine à son port ;
Dans ses bras l’enfant était mort. »
Le prochain article sera consacré à la deuxième exposition sur le thème du Romantisme mais dans une ville française cette fois-ci ! 😉