Dans le cadre d’une préparation de visite sur mesure, Elicec et sa guide sont parties découvrir un quartier de la ville d’Arras qu’elles connaissent peu… Même si sa guide a fait ses années lycées juste à côté !
Direction donc la citadelle ! Alors certes, la guide d’Elicec est déjà entrée dans la citadelle mais uniquement à l’occasion du Main Square Festival qui s’y tient depuis quelque années, début juillet.
Cet après-midi-là, c’est l’histoire qui intéresse Elicec et non pas la musique, même si elle y est présente de manière régulière au quotidien.

Une fois passé la porte Royale, nous voici dans sur la place d’armes. La citadelle est installée sur la 2e ligne du Pré Carré, mis en place par Vauban.
Mais qu’est-ce que le Pré Carré de Vauban, appelé aussi « ceinture de fer » ?
« L’enjeu essentiel de la guerre, sous Louis XIV devient territorial : comme le rappelle Vauban à Louvois dans une lettre de 1673, il s’agit de faire en sorte que le roi puisse gérer le territoire dans sa totalité depuis Versailles, ou, selon l’expression utilisée par Vauban, « tenir son fait des deux mains ».
Les prémices de cette innovation stratégique étaient apparues sous Louis XIII, lorsque Richelieu avait donné ordre de détruire les forteresses à l’intérieur du royaume, concentrant la défense sur les frontières. Mais il n’avait pas eu les moyens d’aller au bout de cette politique : il aurait fallu développer un système de fortifications cohérent et garnir les places frontalières avec des troupes. Le résultat de cette politique inachevée est la prise de Corbie par les Espagnols en 1636 qui menace directement Paris.
Louis XIV va pousser cette idée à son terme en construisant la « ceinture de fer » : un réseau de fortifications aux frontières du royaume. Cette politique territoriale est unique en Europe et propre à la frontière orientale du royaume : ni l’Espagne qui a pour unique frontière naturelle les Pyrénées (la frontière avec le Portugal verra également naître des villages fortifiés), ni l’Angleterre qui a des frontières maritimes, ni l’Empire allemand divisé en une centaine d’États n’ont le même problème que la France. En retour, la guerre inscrit la France comme réalité territoriale. »

L’objectif étant, avec la citadelle de Lille, de défendre la France et surveiller la population arrageoise, française depuis peu (1668). Le surnom de « Belle inutile » vient du fait que la citadelle d’Arras n’a jamais été assiégée.
L’architecture reprend le plan classique des citadelles de Vauban : pentagone avec 5 courtines et des bastions. Il est possible de découvrir à pied la citadelle grâce au parcours permettant de faire le tour des bastions.

Dès qu’Elicec est arrivée sur la place d’armes, elle s’est de suite rendue compte que l’histoire imprègne les lieux du 17e siècle jusqu’à nos jours. La citadelle pouvait accueillir jusqu’à 1500 soldats. L’architecture des casernes est identique, une expression est même utilisée en disant que ces bâtiments symétriques sont construits « à la Vauban »
La place d’armes, en plus des casernes et des lieux de stockage pour la poudre et les munitions, possède également une chapelle : la chapelle Saint-Louis.


Quand le visiteur se trouve face à cette chapelle, il pense probablement aux points communs avec l’architecture baroque des deux places en centre-ville. Eh bien, oui la chapelle est aussi classée dans l’architecture baroque. Les volutes sur le fronton, le mélange de la brique et de la pierre calcaire. Ici, il faut également y ajouter des décors faisant référence au roi avec les médaillons, ou encore à la fonction du site avec des sculptures représentant des armes et des éléments d’armure.


La chapelle a été fermée jusqu’en septembre 2019 pour être restaurée. Elicec vous invite ainsi à découvrir l’intérieur! Elle a beaucoup aimé le plafond en bois et la luminosité présente dans le petit édifice ainsi que la mémoire des hommes qui se trouve à l’intérieur.

La chapelle a été construite entre 1674 et 1676, et dédiée à Saint-Louis, patron du diocèse aux armées françaises. Elle sera désacralisée au cours du 19e siècle pour devenir un magasin militaire, puis un dépôt de munitions. Les décors seront modifiés en 1867, en faveur de Napoléon III et Louis XIV. Une première campagne de restauration a lieu en 1922, suite aux dégâts de la Première Guerre mondiale.
L’histoire militaire s’étale sur trois siècles avec des régiments qui ont laissé une trace plus importante comme : les 1er, 2e et 3e Régiments du Génie (1817-1939) ou encore le 601e régiment de circulation routière.
La citadelle est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2008, et n’oublions pas que jusqu’à encore récemment, l’armée était encore présente sur site. Depuis le départ de celle-ci, le site de la citadelle se transforme petit à petit pour devenir « une ville dans la ville » avec des logements qui ont été aménagés. Elle abrite également le siège de la Communauté Urbaine d’Arras, mais également des entreprises.

Mais la découverte ne s’arrête pas là, car en traversant la place d’armes pour arriver au niveau de la porte Dauphine, Elicec et sa guide ont continué sur le chemin menant au Mur des Fusillés.

218 membres de la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale ont été fusillés dans les fossés de la citadelle. Ce « Mur des Fusillés » est là pour ne pas oublier. Le plus jeune est Julien Delval (âgé de 16 ans et demi) et le plus âgé est Henri Queval (âgé de 69 ans). Neuf nationalités sont présentes sur le mur. Le site de mémoire est constitué des 218 plaques avec les noms des fusillés, ainsi que qu’une réplique du poteau sur lequel ont été attachés les résistants lors de l’exécution.



Terminons le tour de la citadelle avec le cimetière militaire britannique du Faubourg d’Amiens qui est à proximité de l’édifice.

En plus du cimetière, le visiteur découvrira un mémorial recensant les 35 928 combattants britanniques, néo-zélandais et sud-africains tombés pendant la Première Guerre mondiale et dont les corps n’ont pas été retrouvés.

La guide d’Elicec était déjà venue sur ce site à l’occasion d’un événement particulier : les 100 ans de la bataille d’Arras (9 avril 1917), en 2017. L’occasion de commémorer le souvenir des soldats, en présence de l’armée britannique présente ce jour-là. Voici une des photos prises lors de cette commémoration, représentant deux soldats néo-zélandais, reconnaissables à leur « lemon squeezer », qui n’est autre que le surnom du chapeau (ressemble à un presse-citron).

Avant de quitter les lieux, n’oubliez pas de passer devant le Flying Services Memorial. Il est facilement repérable : il s’agit d’une mappemonde au sommet d’une colonne carrée. Sur celle-ci se trouve les noms des 991 pilotes des forces aériennes britanniques disparus pendant le conflit.


A plus tard pour un nouvel article !
Aspects pratiques : la citadelle et la cimetière britannique sont accessibles, mais attention si vous souhaitez vous rendre au Mur des Fusillés, celui-ci n’est ouvert que de 14h à 19h.