Comme pour l’article précédent, pardon pour le délai de rédaction, car l’exposition est finie depuis un moment. Mais au vu des costumes, cela permettra de se rappeler ce qui a été vu ou pour ceux qui n’ont pas pu y aller, de découvrir certains d’entre eux.
L’exposition sur le couturier français Thierry Mugler a été une belle découverte, le connaissant de nom mais sans forcément connaître les modèles, Elicec et sa guide-conférencière en ont pris plein les yeux !
Partons à la découverte de l’artiste-couturier 😊
« « J’aime bien dire que les vêtements Thierry Mugler sont pour un futur meilleur, un futur plus joyeux », déclare le couturier à l’esthétique postmoderne. Souvent qualifié un peu vite de futuriste, il expérimente des techniques ou des matériaux avant-gardistes : verre, plexiglas, PVC, fausse fourrure, vinyle, latex, chrome, dans ses ateliers-laboratoires de « couture industrielle » high-tech. Son style architectural, ses silhouettes audacieuses empreintes de fantaisie marquent l’histoire de la mode. Il influence, encore aujourd’hui, toute une génération de couturiers. Ses tailleurs stricts aux épaules de superhéroïnes et à la taille corsetée habillent une femme sublimée, puissante, et sensuelle. Son imaginaire convoque tour à tour le glamour hollywoodien, le rêve, la faune, l’érotisme et la science-fiction » (extrait du texte d’introduction)

Il est ensuite expliqué que la plupart des tenues présentées dans l’exposition n’ont jamais été exposées. Ce sont aussi ces collaborations avec de grands noms de la photographie (comme Helmut Newton, Guy Bourdin, Ellen von Unwerth, Sarah Moon…) et des célébrités qui portent les tenues dans un décorum préparé pour le photoshoot.


Dans le premier espace est exposé une des créations chef d’œuvre de Thierry Mugler : La Chimère. Création réalisée pour la saison automne-hiver de 1997-1998. Elle a été réalisée en collaboration avec le corsetier sud-africain Mr Pearl et le plasticien Jean-Jacques Urcun. Au vu du nombre d’heures ayant été nécessaire pour sa réalisation, beaucoup estime cette robe comme la plus chère de l’histoire. Voici ce qu’en dit le plasticien :
« « La Chimère » a probablement été mon projet le plus intense. Nous avons travaillé jour et nuit pendant six semaines, ce qui représente plus de mille heures de broderie. Une vingtaine de personnes travaillaient à différentes parties de la création, aux côtés de Jean-Jacques Urcun. C’était comme un rêve, c’était comme aller à l’université de la Beauté. Donner vie à sa vision et à ses fantasmes avec des vêtements est tout un défi. C’est un génie, un perfectionniste. Il faut faire tous les efforts. Il pousse tout le monde à tenter ce qui semble impossible à réaliser avec une aiguille ».
Voici la robe dont il est question 😊


La section suivante mettait en avant l’univers du bestiaire fantastique qui s’inspire autant des animaux que de l’homme lui-même : « Depuis toujours, je suis fasciné par le plus bel animal sur terre : l’être humain » (T. Mugler)
Pour ces créations issues du monde animal, il sera novateur en utilisant des matières synthétiques à la place de la fourrure, des peaux luxueuses et autres plumes rares. Il s’agit d’imitations de peaux, de carapaces : ses combinaisons en cuir repoussé deviennent comme une seconde peau scarifiée.
Les collections mettant en avant les insectes ou les créatures comme La Chimère ont redonné du souffle à la haute couture française. C’est le cas aussi pour les éléments issus du monde aquatique présentant un bustier en « coquillage » fait de verre cranté, une robe « raie manta » ou des techniques novatrices ayant pour résultat la sensation de tentacules ou des branchies de poisson.







Thierry Mugler, c’est aussi un univers futuriste, mis en lumière dans l’exposition avec ses créations ainsi que les photographies mode avec des célébrités qui ont été habillés par le couturier.
La science-fiction, les superhéroïnes de bandes-dessinées, les uniformes, les armures médiévales, le design industriel et les automobiles futuristes sont autant de sujets d’inspiration pour l’artiste. Les silhouettes robotiques et aérodynamiques de Thierry Mugler vont devenir emblématiques et étant aux frontières du réel, elles anticipent les révolutions du transhumanisme.

Ainsi en 1989, il présente une collection Hiver Buick en hommage à Harley J. Earl, qui n’est autre que celui qui a dessiné les ailerons de la Cadillac Eldorado en 1959. Les mannequins défileront avec des fourreaux décapotables, des bustiers pare-chocs, des ceintures radiateurs ou des sacs aileron.

Avec le carrossier en aviation Jean-Pierre Delcros et l’artiste plasticien Jean-Jacques Urcun, Thierry Mugler va créer des créatures-robots, avec des bustiers coulés en chrome ainsi que des combinaisons en plexiglas.



« J’ai toujours essayé dans mon travail, de rendre les gens plus forts en apparence qu’ils ne le sont vraiment » (T. Mugler)
Thierry Mugler défie les tendances dès le début des années 1970 en créant la « glamazone » . il s’agit d’une femme moderne, chic, urbaine et fantaisiste. Il continue à créer des silhouettes architecturales avec des matières innovantes. La femme Mugler se caractérise avec des chapeaux surdimensionnés, des épaules extralarges, des robes ainsi que des vestes moulées, une poitrine pigeonnante, une taille de guêpe, des corsets rutilants, des cuissardes interminables et même des décolletés fesses.
Le mythe du corps parfait surgit avec l’apparition de matières comme le latex et le vinyle qui vont permettre de mouler les courbes. Il va ainsi élever ces matières fétichistes, underground et sexuelles au rang des classiques.




L’univers de Thierry Mugler est aussi coloré et fou. Cela a été mis en avant avec une des salles de l’exposition qui exposait des tenues toute en couleur parsemées de plumes, strass et paillettes. Il va faire de ses défilés de véritables spectacles, en y faisant défilé ses mannequins vedettes.





Le couturier a également réalisé plus de 70 costumes et accessoires pour la représentation de La Tragédie de Macbeth donnée par la troupe de la Comédie-Française. Ayant un budget conséquent, Thierry Mugler a pu réaliser des costumes pour les acteurs : des armures et des cuirasses magistrales, des musculatures-pourpoints réalisés en cuir et en métal sans oublier la robe de Lady Macbeth avec sa fraise en satin.

Thierry Mugler c’est aussi le monde du parfum avec son emblématique Angel dont voici le processus et les inspirations :
« Le jeune Mugler dormait sur des bancs publics dans des parcs et regardait chaque fois « cette étoile qui braillait toujours plus que les autres, bleutée », dont il interprète ainsi la présence : « J’avais l’impression qu’elle me suivait, me guidait, était mon ange gardien, et je me disais qu’il y avait certainement quelque chose de mieux qui allait venir pour moi. Elle est venue à moi ». L’étoile, d’une couleur impossible à reproduire, impalpable, intouchable, évoque l’infini et le rêve. « Elle est synonyme d’air pur d’horizon sans fin et sans frontière », explique cet ascète esthète. Elle a inspiré le couturier pour la création du flacon du parfum Angel. Réalisé en collaboration avec son complice le designer industriel Jean-Jacques Urcun, il constitue un véritable défi technique de cristallerie et innove par sa technique de moulage.

En octobre 1979, cinq ans après le lancement de sa marque, il déclare au quotidien américain Women’s Wear Daily : « Je fais des expériences avec les parfums. Je veux fabriquer une fragrance tellement délicieuse qu’on aura envie de la manger. » Treize ans plus tard la bonne formule, celle qui incarnera son rêve de gamin, sera mise au point. Mugler collabore avec Christian Courtin et Véra Strübi dès 1990 afin de développer Angel, son premier parfum créé avec le parfumeur grassois Olivier Cresp. Mugler lui avait parlé d’une « odeur de chocolat et de caramel, d’un jus classique qu’un petit garçon donnerait à sa mère », lui racontant également ses souvenirs d’enfance peuplés de gâteaux, de friandises et de chocolat. Après plus de six cents essais, il ajoute à la première formule – composée principalement de vanille et de patchouli – de l’éthyl maltol (aussi nommé « veltol »), une molécule inventée en 1969 par le laboratoire suisse Firmenich. Son profil aromatique rappelle les fruits confits, la praline et le caramel. Utilisé uniquement comme aromatisant dans l’industrie alimentaire, l’éthyl maltol est employé pour la première fois en parfumerie dans Angel, ce qui donne naissance à une nouvelle catégorie de parfums dits « gourmands ».
Avec une approche aussi audacieuse et innovante que l’on retrouve dans sa mode, cette proposition olfactive est inédite et propose des accords sans précédent. Bousculant les codes, et surtout les tendances de la parfumerie traditionnelle, elle est en rupture totale avec ce qui est offert à l’époque. Angel n’est pas qu’une nouveauté, c’est une invention. » (texte de section à propos des parfums du couturier)


Voilà pour le résumé de cette magnifique exposition montrant l’univers multifacette du couturier français Thierry Mugler.
Voici le lien vers le site du musée des Arts Décoratifs : https://madparis.fr/