Rendez-vous en Rome antique !

Direction le Louvre-Lens pour une exposition mettant en avant l’Antiquité ! Rome est à l’honneur 😊 La fermeture des salles concernant les collections romaines du musée du Louvre à Paris étant fermée, c’est l’occasion de les faire découvrir dans son antenne des Hauts-de-France.

Le visiteur va ainsi déambuler entre de la statuaire ainsi que des objets retraçant le destin de cet empire via les différentes thématiques que sont : la cité, l’armée, la commerce et les transports, les jeux, la religion, la domus ….

En route, mauvaises troupes !

Quand nous évoquons Rome, on pense tout de suite à l’empire en tant qu’organisation administrative, militaire et culturelle. C’est en oubliant qu’il s’agit d’un socle qui s’est constamment enrichi avec l’arrivée des nouvelles provinces au fur et à mesure des conquêtes et agrandissements de l’empire. Les élites locales de ces provinces vont ainsi pouvoir accéder à la citoyenneté romaine, et autres avantages comme siéger au Sénat ou faire une carrière impériale. Cet équilibre évoluera lors de la création de la ville de Constantinople (actuelle ville d’Istanbul en Turquie) en 330 ap. J.C.

« Les autres peuples ont reçu une terre aux frontières définies ; pour Rome, Ville et univers ont la même étendue » (Ovide, Fastes)

Rome est une cité basée sur l’implication des citoyens romains dans des pratiques politiques et collectives : le vote des lois, les élections, les fêtes concernant le culte public… Les citoyens élisent les magistrats qui auront en charge de diriger les affaires publiques. Ces élections ont lieu chaque année, ce qui permet un équilibre dans la distribution du pouvoir et de faire de ce régime une république.

Rome est définie comme l’ Urbs, une ville délimitée par une frontière religieuse, qui a été tracée par le fondateur légendaire, Romulus,  et qui contient le siège du pouvoir et, à l’origine, la communauté civique. La limite de la ville se définit aussi par les statuts sociaux existants entre les citoyens et les non-citoyens. Elle se débarque aussi avec une culture bien marquée par rapport au reste du Latium : les rites, les prêtres et les dieux sont propres à Rome. A partir du 3e siècle, les pratiques religieuses, culturelles et politiques s’étendront par la suite avec l’agrandissement de l’empire, son uniformisation, l’unification de la péninsule, renforçant par la même occasion la domination de Rome.

Cet ustensile de cuisine en forme d’esclave africain permet d’aborder ce statut dans la Rome antique. L’esclave est régulièrement celui qui va s’occuper des tâches manuelles mais il peut aussi être employé pour des tâches qualifiées : porteur de lanterne et accompagnant le maître pendant les sorties nocturnes, le transport des amphores du domaine agricole.

Les acteurs jouant le rôle d’un esclave porteront le masque avec une large bouche. Dans les provinces occidentales et à Rome, les acteurs sont le plus souvent de condition servile ou ont été affranchis. La profession est ainsi frappée d’infamie, mais cela n’empêche pas certains d’entre eux de faire fortune, grâce à leur qualité de jeu.

Les statuts sociaux ne sont pas les mêmes, tout dépend si la personne est citoyenne ou non et de sa place dans la société. Les plus riches Romains constituent la classe haute de la société et accèdent aux magistratures élevées : le Sénat, l’ordre équestre.

Pour les non citoyens comme les esclaves, dont nous venons de parler, aucun droit n’est accordé. C’est également le cas pour les femmes qui sont mises à l’écart.

Enfin, il y a le cas des affranchis, anciens esclaves qui par la volonté des maîtres accèdent au statut de citoyens mais avec des droits incomplets. Ils n’ont, par exemple, pas le droit de vote et n’ont pas la possibilité de prétendre aux charges publiques.

La bulla est l’insigne portée par les enfants, étant le marqueur de leur position sociale. La bulla se porte autour du cou et est censé protéger le porteur. Et surtout, elle est uniquement protée par les enfants de naissance libre, c’est-à-dire aux personnes amenées à constituer le corps civique de la cité.

« Les Romains, maîtres du monde, peuple de citoyens en toge… » (Virgile, Enéide)

Les portraits dits de Fayoum sont exposés dans cette partie. Ces peintures sont dans continuité du masque funéraire pharaonique tout en l’adaptant aux canons du portrait gréco-romain. Ce portrait, probablement réalisé du vivant de la personne, sera posé sur la momie. Son objectif en plus de perpétuer le portrait du défunt dans l’au-delà et aussi le moyen de faire perdurer le statut social de celui-ci.

Un autre critère entre en compte pour définir la communauté civique : la religion.

La religion est affaire de magistrats et des collèges de prêtres, qui remplissent les obligations au nom de tous les citoyens romains. La religion romaine repose sur les rites et non pas une doctrine. La bonne entente entre les dieux et la cité dépend du bon déroulement des rituels et de l’acceptation des offrandes par les divinités.

Les figures divines sont propres à la communauté, au groupe (famille, légion, association) qui a ses propres dieux et obligations vis-à-vis des rituels.

Au fur et à mesure de l’expansion territoriale de l’empire, la religion romaine va s’enrichir de l’arrivée de nouveaux cultes. Les divinités étrangères sont accueillies, si le culte permet de maintenir la concorde entre les dieux et la cité. Les dieux grecs Apollon et Asklépios, ainsi que la déesse phrygienne Cybèle entrent ainsi dans le culte public romain : des prêtes sont nommés pour effectuer les rituels liés au culte au nom des citoyens romains. La plupart du temps, il y a une fusion des dieux ou des entrées directes comme la déesse gauloise Epona, respectant ainsi le polythéisme.

Mais celui-ci va être mis en difficulté avec l’arrivée du judaïsme et du christianisme, qui sont quant à elles des religions monothéistes, avec des dévotions exclusives.

Rome ainsi n’impose pas sa religion, car celle-ci comme cela a déjà été indiqué est une affaire de communauté, qui peut être propre à une cité. Cela n’empêche pas en Occident d’adopter les modèles religieux romains. Cette influence est visible dans l’architecture des sanctuaires, dans la mise en place des rituels sacrificiels ou encore la pratique de l’offrande.

L’adoption des dieux romains est souvent à l’initiative des provinciaux et non pas du pouvoir, ce qui induit une diversité des cultes et l’expression des différents héritages religieux.

Quant la religion est affaire des cités, les pratiques funéraires sont quant à elles uniquement affaire des familles.

Les inscriptions et les restes se doivent d’être identifiables afin de pouvoir adresser correctement les rites et les offrandes aux défunts. Celles-ci ont l’objectif de satisfaire les défunts et d’entretenir leur mémoire. Elles sont déposées sur un autel qui possède une place privilégiée dans les habitations.

Les affaires publiques sont les affaires de l’aristocratie romaine pour Rome ainsi que le territoire concerné par la Cité, c’est-à-dire les provinces, par le biais des magistrats. C’est cette classe sociale qui détient le pouvoir. Le déséquilibre qu’entraîne cette domination de l’aristocratie conduira à l’instauration du régime impérial par Auguste entre 30 et 10 avt. J.C.

Lors de l’instauration de ce régime, l’empereur est le seul chef de toutes les légions et gouverne la majorité des provinces. C’est aussi le détenteur du pouvoir civil et politique, appelé puissance tribunicienne. Il a aussi la charge de grand pontife, il est ainsi le représentant de l’autorité suprême en matière de religion publique.

En concentrant tous ces pouvoirs, il est érigé en souverain absolu pour l’Empire dans son ensemble, et non pas seulement Rome. La divinisation l’attend, après sa mort, s’il en est jugé digne.

Le portrait de l’empereur est diffusé à travers l’empire par le biais des monnaies, qui sont régulièrement montées en bijoux comme les bagues ou les médaillons.

Le portrait de l’empereur n’est pas seulement présent sur les monnaies mais également dans la statuaire. D’ailleurs les portraits sont codifiés car ils sont investis d’un rôle politique à part entière.

Lorsqu’il est habillé de la toge, cela représente son pouvoir civil et sa qualité de « premier des citoyens ». Lorsqu’il est représenté avec une cuirasse, c’est son autorité en matière de commandement qui est mise en avant. L’aspect divin est présent grâce au culte qui lui est rendu dans tout l’empire. Cela est visible avec des représentations de l’empereur sous les traits de Jupiter, dieu souverain. Enfin, sur les bas-reliefs le représentant pendant des cérémonies civiles, il est toujours associé aux vertus du prince : piété, clémence, courage militaire.

Les portraits des empereurs ne se font pas sur le vif, il s’agit de modèles élaborés au sein de la cité qui seront ensuite diffusé sur le reste du territoire. Rien n’est laissé au hasard ! Un prototype est réalisé lors des grands événements du règne de l’empereur : début de règne, triomphe, adoption ou désignation à une magistrature dès qu’il s’agit de ses héritiers.

L’empereur veille à la sécurité et la prospérité des habitants de l’empire, citoyens ou non. Tout est ritualisé jusqu’aux venues de l’empereur dans les différentes villes. Un passage de celui-ci est vécu comme un honneur. Pour le lui montrer, la ville va se parer de ses plus beaux atouts notamment dans les espaces publics avec des inscriptions en bronze ou marbre ainsi qu’avec des portraits.

« La Grèce vaincue fit captive son vainqueur, et porta les arts au sein du Latium antique… » (Horace, Epitres)

Rome adopte la grande civilisation mondiale de l’époque, c’est-à-dire la civilisation grecque. Mais cela se réalise sans renoncer à sa spécificité et cela conduit à un mélange qui donnera la culture romaine diffusée. C’est l’adaptation du théâtre grec, les genres de poésie ainsi que l’architecture qui intègre la culture romaine.

Le butin accumulé par les généraux sont ramenés en Italie et exposé dans les sanctuaires et les espaces publics. Les artistes grecs sont aussi du voyage pour accompagner les clients et se rapprocher des mécènes romains. Les motifs, les modèles de statues et les styles vont être réarrangés pour plaire aux clients romains tout en apportant de la nouveauté et en intégrant l’art grec.

Depuis le début, nous utilisons la désignation d’empire romain. Qu’est-ce que c’est ?

Dans un premier temps, il s’agit de désigner l’ensemble des terres sous la domination de Rome. Il y a un changement qui va s’opérer, notamment lorsque les provinces vont prendre part activement dans le fonctionnement de l’empire. C’est l’empereur qui va devenir le point central, avec un siège de l’empire se positionnant à Rome. Cette unité politique est ainsi gérée par l’empereur qui concentre nombre de missions et pouvoirs : entretenir une armée permanente (qui est cantonnée aux frontières et possède un rôle défensif), le quadrillage du territoire, dénombrer les habitants, mettre en place un système de communication performant.

Rome reste un modèle pour la constitution des cités à travers l’empire pour les domaines de l’urbanisme, l’architecture, l’agriculture, les magistratures et les calendriers religieux. La cité est le noyau central de l’administration d’un territoire, notamment en ce qui concerne les impôts…

Ainsi l’architecture est abordée de la même manière dans les cités avec des monuments incontournables : temple, basilique, amphithéâtre… Tous ces bâtiments voient leurs façades réalisées avec soin car le décor a une place très importante dans l’architecture romaine.

L’empire romain c’est aussi le commerce à travers les différentes provinces. Le port de Boulogne est mis en avant dans l’exposition car celui-ci a une place importante notamment dans le projet de conquête de la Britania (actuelle Angleterre) et après celle-ci, parce qu’il deviendra le port officiel effectuant les liaisons transmanche. C’est aussi à Boulogne que stationne les quartiers généraux de la classis Britannica, qui n’est autre qu’une flotte militaire.

Au passage un clin d’œil à la Maison de l’Archéologie de Thérouanne qui possède une réplique de la borne millaire de Desvres actuellement exposée, et qui peut être considérée comme l’ancêtre de nos panneaux directionnels indiquant les kilomètres nous séparant de la commune inscrite dessus.

Ces bornes sont ainsi un des moyens utilisés afin de se déplacer et de connaître les directions à prendre. Car il n’y a pas que les hommes qui voyagent mais également les denrées et les matériaux de construction ainsi que ceux destinés aux décorations. Les exportations et importations proviennent de tout l’empire, depuis l’Espagne, l’Egypte, l’Afrique ou l’Arabie Saoudite. Ce qui implique un très bon réseau de voies entretenues parce qu’elles sont autant utilisées par les marchands, le service des postes et les militaires qui se trouvent parfois à des milliers de kilomètres de leur pays d’origine.

Avec tous ces déplacements, c’est également la culture romaine qui voyage et qui se propage dans les différentes provinces, sans pourtant effacer la culture locale qui reste en place tout en adoptant les nouveaux principes, ce qui est le cas avec l’influence et la culture grecque par exemple (fêtes, jeux, cultes publics, la pratique du banquet ou encore l’art du portrait).

Deux exemples : l’art du portrait et l’art du spectacle.

Les portraits sont nés en Grèce, et adopté par la suite à Rome. S’il possède des traits communs, ils possèdent des traits individuels dans la représentation comme l’importance donnée à l’esthétisme qui se doit d’être réaliste chez les Romains, les traits du visage devenant la partie la plus importante à réaliser pour l’artiste. Roma va aussi inventer le format dit « en buste ».

Pour les spectacles, ils sont très importants à Rome car ils sont une composante essentielle de la fête donnée en l’honneur des dieux.

Pièces de théâtre, courses de chars sont ainsi au centre des fêtes, sans oublier les combats de gladiateurs. Combats qui ont une origine funéraire, car au départ ils sont organisés sur la tombe lors des funérailles mais ils deviendront incontournables lors de la préparation des jeux. Jeux qui sont attendus par la population qui conduira les cités à se doter des édifices permettant de les accueillir : l’amphithéâtre.

Pas d’événements festifs sans banquets, et les occasions sont nombreuses !

On banquète pour fêter les défunts, les collègues ou plus simplement parce que nous sommes invités chez quelqu’un. Le banquet s’organise en fonction de règles et s’articule autour de la société romaine. Par exemple, les banquets impériaux sont publics.

Les banquets sont l’occasion de mettre en avant sa position sociale et sa richesse qui se traduisent par l’opulence des services de vaisselle.

Si les arts de la table vous intéresse, je vous renvoie à l’article consacré à cette thématique mise en lumière par le musée en 2021 : https://danslespasdececile.blog/2021/08/21/a-table/

Ce qui va fragiliser et modifier en profondeur cet empire est lorsque le christianisme sera érigé comme la religion d’Etat au 4e siècle. Il fragilise et marginalise les anciennes élites civiques qui vont être remplacées par la nouvelle figure que représente l’évêque. Son pouvoir devient très important pendant le 4e et le 5e siècle permettant à l’Eglise de devenir un élément structurant incontournable.

Sans oublier, que l’Europe va voir arriver les peuples dits barbares, mettant de nombreux territoires sous la domination des rois germaniques. Et c’est l’Europe médiévale qui pointe petit à petit son nez mettant le modèle de la cité antique en désuétude, la cité redeviendra une ville…

Le voyage dans la Rome antique se termine ici en espérant que l’article vous donnera envie d’aller voir cette exposition qui est visible jusqu’au 25 juillet 2022.

Voici le lien vers le site du Louvre-Lens pour préparer sereinement votre venue : https://www.louvrelens.fr/informations-pratiques/preparer-sa-visite/

A bientôt pour le prochain article !

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