Femmes, femmes, femmes !

Pardon pour la publication plus que tardive de l’article concernant l’exposition « Pionnières. Artistes dans le Paris des Années folles ». Elle est terminée depuis plusieurs semaines mais l’envie de vous partager les découvertes est plus forte. En espérant que vous allez prendre du plaisir à lire l’article et faire de nouvelles connaissances artistiques 😊

L’exposition met en avant les artistes femmes, qui pendant très longtemps ne sont pas mises en lumière ou jugées à leur juste valeur, de leur vivant notamment. La période sur laquelle se concentre les oeuvres est le début du 20e siècle et beaucoup de domaines sont représentés : peinture, sculpture, cinéma, danse, marionnettes…

Régulièrement marginalisées, elles ont pourtant joué un rôle important dans le développement des mouvements artistiques. Les artistes exposés ont souvent bravé les conventions de leur époque et ont travaillé à la redéfinition du rôle des femmes dans la vie moderne. Venant du monde entier, parfois elles ont choisis de rester dans la capitale, d’autres repartent et deviennent des porte-parole de cette modernité.

Certaines des artistes sont peu connues du public et peu exposées en France. J’espère que l’article sera pour vous l’occasion de les découvrir et/ou d’apprécier leur travail.

La Grande Guerre a accéléré cette remise en question de la société patriarcale, qui avait déjà été entamé au Royaume-Uni avec les suffragettes à la fin du 19e siècle. La suffragette est une femme qui milite pour l’admission des femmes dans une institution ou un ordre qui lui est fermé jusqu’alors. En Angleterre, les suffragettes ont été connus notamment pour leur revendication du droit de vote pour les femmes.

La guerre change radicalement la donne dans la société, les femmes s’engagent volontairement en tant qu’infirmières sur le front, deviendront aussi fermières, ouvrières ou encore médecins. Petit à petit, les femmes remplacent les hommes parce que beaucoup d’entre eux ne reviendront pas du conflit.

C’est aussi l’occasion pour certaines d’entre elles de mettre leur inventivité au service de l’autre. Sur le cartel est mis en lumière la sculptrice Gertrude Vanderbilt Whitney. Elle met sa fortune au service de l’effort de guerre et va créer en France l’Hôpital américain de Paris et en 1931, elle fonde le Whitney Museum of American Arts à New York.

C’est une période qui subit de nombreux changements, où le conservatisme cohabite avec les libertés en France : le suffrage des femmes est refusé, l’avortement sévèrement puni. Sans compter sur la Révolution russe de 1917 et le Traité de Versailles de 1919 qui redessinent les frontières, entraînant par la même occasion des déplacements de population incluant les artistes en quête d’indépendance.

En parallèle, aux États-Unis, la prohibition, le racisme ainsi que la recherche d’une liberté culturelle artistique et sexuelle refusée poussent toute une génération vers l’Europe.

C’est à nouveau le contexte qui va mettre dans l’ombre le travail de ces artistes femmes. Leur travail sera fortement diminué avec la crise économique de 1929, mais aussi avec la montée des totalitarismes puis la Seconde Guerre mondiale.

A Paris, et en particulier dans les quartiers de Montmartre, Montparnasse ainsi que le quartier latin, les femmes sont les bienvenues dans les académies privées. Les artistes, les poètes se rencontrent dans les cafés, les librairies d’avant-garde. C’est aussi le cinéma expérimental qui s’invente dans ces quartiers et lieux culturels.

Certains de ces lieux sont tenus par des femmes : Adrienne Monnier et Sylvia Beach ouvrent dans la rue de l’Odéon, les librairies La Maison des Amis des livres et Shakespeare and Company. Marie Vassilieff fonde quant à elle en 1910, l’Académie russe pour les jeunes artistes non francophones, puis l’Académie Vassilieff en 1912. A partir de 1924, Marie Laurencin enseigne à l’Académie moderne avec Fernand Léger. On y enseigne l’abstraction, mouvement qui attire de nombreuses femmes parce qu’il permet de s’affranchir des conventions.

Irène Codréano est une élève de Bourdelle et deviendra ensuite l’assistante de Brancusi. L’influence de ces deux artistes restera visible tout au long de sa carrière. Elle tiendra sa première exposition personnelle à Paris en 1926. Dans son travail, elle s’intéressera au torse et au nu féminin. La sculpture présente dans l’exposition représente la sculptrice égyptienne Daria Gamsaragan (qui a aussi été élève de Bourdelle).

Leur reconnaissance étant de moindre importance par rapport aux hommes, les femmes n’hésitent pas à miser sur la pluridisciplinarité, permettant de gagner une indépendance nécessaire au développement de leur travail. Quelques exemples de domaines qui leur permettent d’obtenir une indépendance financière : la mode, la décoration d’intérieur, les costumes de spectacles vivants, les portraits mondains ou encore les objets comme les poupées.

Marie Vassilieff invente la « poupée-portrait » et fabrique des marionnettes pour les compagnies de théâtre. Sophie Taeuber-Arp reçoit une commande en 1918 du Théâtre des marionnettes de Zurich pour le conte Le Roi Cerf de Carlo Gozzi. Certaines poupées seront revêtues de costumes historiques ou folkloriques, et c’est l’œuvre de l’artiste polonaise Stefania Lazarska dans son atelier ouvert en 1914. L’argent récolté est à destination de la communauté artistique polonaise (en 1915, elle employait 210 personnes !). Sonia Delaunay ou Sarah Lipska ouvrent des boutiques où elles vendent leurs créations (vêtements, meubles, objets)

Après le conflit, de nouveaux sujets apparaissent comme le travail ou le loisir des femmes ainsi que la femme en tant que sportive, avec la représentation du corps musclé qui peut être à la fois compétitif, élégant et décontracté.

Ce côté décontracté, de se prélasser au soleil est incarné par le figure de Joséphine Baker. Véritable entrepreneuse, elle va ouvrir un cabaret-restaurant, fonder un magazine et deviendra une des artistes les mieux payées en Europe.

Victor Margueritte, grâce à son roman paru en 1922, popularise l’expression « les garçonnes » qui vont tour à tour gérer une galerie ou une maison d’édition, diriger des ateliers dans des écoles d’art. Ces garçonnes représentent le nu tant masculin que féminin et questionnent par la même occasion la notion du genre.

Pendant les Années folles se construit une réflexion complexe autour du « troisième genre », la possibilité d’une transition d’un genre à l’autre. L’œuvre transgenre et les travestissements connotés d’ambivalence sexuelle de Claude Cahun et sa compagne Marcel Moore ou encore le couple Wegener en témoignent. Durant toute sa carrière, Gerda Wegener peindra son mari, plus connu sous l’identité trans Lili Elbe, devenant un véritable combat contre toutes les formes de discrimination. Romaine Brooks, va révolutionner le portrait féminin : elle utilise une palette sombre et un cadrage mettant en  valeur le visage sans décor omniprésent. Elle représentera des femmes  du cercle de Nathalie Clifford Barney, riche américaine installée en France à la fin du 19e siècle, dont le portrait en amazone était présenté dans l’exposition.

Les artistes vivent comme elles le souhaitent, certaines changent même de nom ou de prénom. Elles revendiquent l’entière propriété de leurs corps et de leurs vies, devenant des outils pour leur travail artistique.

Sortir du diktat du regard et des devoirs domestiques. Le corps des femmes est représenté en train de se prélasser au soleil mais aussi sans fard dans les intérieurs. La représentation du corps de la femme est différent de celui des artistes masculins. Quant ils représentent les femmes par le prisme du désir, les femmes vont en révéler la complexité mêlant sexualité, plaisir, inquiétudes et contraintes. L’autoportrait devient le genre de prédilection de ces artistes féminines car il donne cette possibilité aux femmes de montrer ces différentes facettes.

Des artisites étrangères, telles que Mela Muter et Maria Blanchard, réagissent aux inégalités de la société française face à une politique militant pour la croissance de la natalité. La représentation de la mère s’éloigne des standards pour montrer des mères ouvrières ou domestiques, d’origine espagnole ou africaine.

Deux artistes se différencient : Chana Orloff et Tamara de Lempicka. Leurs femmes sont autonomes et indépendantes, mais également puissantes et assumant leur rôle de parent et d’artiste à succès vivant de leur art.

Tamara de Lempicla s’éloigne des préoccupations de la vie quotidienne pour se tourner vers les cadrages chers au cinéma hollywoodien, en vogue à l’époque. Le traitement des traits subliment la sensualité et le glamour des femmes.

Les femmes sont aussi mobiles, aventurières curieuses des autres cultures. Elles se sont interéssées à la diversité, devenant sensibles aux cultures différentes des leurs, induit le plus souvent par un manque de reconnaissance de leur pays.

Etait exposé dans l’exposition une relecture du déjeuner sur l’herbe ou de La Danse de Matisse. L’œuvre devient un dialogue entre les couleurs de peau, les danseurs sont androgynes, effaçant la différence des sexes.

Le peuple africain est aussi présent dans l’art avec les artistes Lucie Cousturier et Anna Quinquaud qui voyagent en Afrique.

Une exposition mettant en avant les artistes femmes. Cela fait plaisir de voir ce travail et entamant un processus de reconnaissance. J’espère que les femmes seront de plus en plus présente dans les expositions ;

Voici le lien vers le site du musée pour préparer votre prochaine visite : https://museeduluxembourg.fr/fr/horaires-et-acces

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s