Elicec suit partout sa guide afin de découvrir la région des Hauts-de-France ainsi que les autres régions au gré des voyages. Mais il y a aussi le quotidien de sa guide qui l’intéresse. Un des lieux récurrents de travail a déjà été présenté dans un article précédent (https://danslespasdececile.blog/2019/12/08/plongez-au-coeur-de-lhistoire/) et en voici un deuxième. Quand le premier évoque l’histoire de la ville de Thérouanne depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours par le biais de l’archéologie ; le deuxième évoque un sujet qui lui tient à cœur : la Première Guerre mondiale. Partons ainsi voir le Mémorial 14-18 Notre-Dame-de-Lorette 😊
Le Mémorial évoque la totalité du conflit de manière chronologique, mais aussi par le biais de thématiques dans chaque salle que le visiteur traverse. Ce qu’Elicec et sa guide apprécient est que toutes les nations sont représentées avec les documents, objets, photographies qui y sont exposés. Il s’agit de présenter la Première guerre mondiale comme le fait historique qu’il est, et non pas de mettre en avant uniquement les faits d’armes des vainqueurs.


Ainsi, démarrons par le commencement et le déclenchement du conflit en 1914.
La première salle permet au visiteur de se remettre dans le contexte du début du combat avec la mobilisation des soldats, les premiers événements majeurs comme la « course à la mer » qui est très bien évoquée avec les cartes animées et les vidéos d’archives. Il s’agit aussi d’évoquer la « guerre de mouvement » qui caractérise le début du conflit. Depuis longtemps, la guerre est constituée d’attaques rapides et mobiles, d’où l’importance de la cavalerie. Mais la Première Guerre va tout bouleverser. Les photographies présentées dans l’espace montrent les soldats sur le front, dans une ville ou à la campagne.




La « course à la mer », comme son nom l’indique, est une suite de combat pour rejoindre la côte d’Opale pour l’armée allemande, et de repousser cette armée dans les terres, pour les Français. Objectif, empêcher que la côte ne soit sous la coupe de l’armée adverse, rendant beaucoup plus difficile l’arrivée des troupes britanniques sur le continent. C’est ainsi que la ligne de front va se stabiliser dès le début du conflit pour ne quasiment plus bouger avant la fin de celui-ci, c’est ainsi que commence la « guerre de tranchée ».
Le ciel va devenir un élément important. L’aviation, au départ, va être utilisée pour faire du repérage dans le camp adverse. Mais qui n’a jamais entendu parler du Baron rouge ? Il s’agit d’un des « as », car les avions vont devenir de véritable arme de guerre, ils seront sans cesse amélioré avec le concours de Roland Garros. La guerre a lieu sur le sol mais désormais aussi dans les airs !

Le quotidien du soldat est évoqué par le biais de photographies prises sur le vif. Nous les voyons en train de se réunir, dormir, dans les tranchées. Ces photographies ont été prises par les soldats eux-mêmes malgré la censure. Le Vest Pocket dont un exemplaire est présenté dans les vitrines, a été utilisé par ces soldats (voici le lien vers l’article où j’évoque l’exposition qui a eu lieu au mémorial et mettant en avant le Vest Pocket : https://danslespasdececile.blog/2020/06/13/vadrouille-avec-un-vest-pocket/ )


Les objets de la vie quotidienne sont aussi exposés, ce que nous pouvions retrouver dans un sac de soldat. Ces objets sont issus des fouilles archéologiques qui ont été effectués sur des sites de combats ou peuvent être aussi issus de dons de la part des familles. Tous les sujets sont abordés : la religion, la correspondance, la photographie, l’hygiène, la nourriture et la boisson, l’art des tranchées ainsi que les jeux pour se divertir.






La trêve de Noël est évoquée rapidement au début de la salle suivante, rappelant que les soldats sont des êtres humains, que la famille manque et que le conflit commence à être long… malheureusement la guerre ne va pas se terminer de sitôt car nous ne sommes qu’en décembre 1914… Pendant une très courte période, les soldats qui s’affrontent vont se retrouver pour discuter, échanger des journaux, du tabac, … avant de voir revenir l’horreur du quotidien juste après Noël. « Joyeux Noël » est un film qui se déroule pendant cette période, Elicec vous le conseille 😉

La pièce est aussi composée de photographies montrant les désastres de la guerre sur le territoire artésien, avec les vues aériennes où les cratères d’obus sont visibles, les ruines des bâtiments à proximité de la ligne de front… certains reconnaitront les ruines de l’église d’Ablain-Saint-Nazaire se trouvant au pied de la colline de Notre-Dame-de-Lorette, église qui a été classée Monument historique à l’état de ruine, pour ne pas oublier ce qui s’est passé.




Les photographies montrent régulièrement des soldats au front, dans les tranchées ou lors d’une offensive, en train d’escorter des prisonniers. Mais il est aussi possible d’observer des photographies des soldats venus du monde entier dans les villages à l’arrière lors de leur arrivée, en train de se préparer à monter au front. Le mémorial met ainsi en avant les différentes nationalités qui sont venus dans le Nord-Pas-de-Calais. Entre la photographie montrant des soldats indiens et les objets tels que les manteaux, armes, gilets pare-balle, fusils, le monde est représenté.




Elles sont aussi utilisées à des fins stratégiques pour pouvoir faire le repérage du territoire concerné par la future offensive, mais aussi à des fins de propagande. La salle, après avoir exposée les différentes armes utilisées par les armées, évoque certaines batailles clés sur le territoire comme celles d’Arras-Vimy, Fromelles, Bullecourt, Cambrai. Des objets présents sur le front avec les soldats sont aussi présentés : allant des outils pour consolider et protéger les tranchées, aux casques militaires, les moyens de communication ou encore la trousse du médecin…





Après avoir évoqué la vie quotidienne des soldats au front pendant le conflit, le mémorial a dédié un espace à la population qui se trouve à l’arrière, aux civils, qui eux aussi vivent le confit, de manière différente.
Les photographies nous montrent, dans cet espace, les populations civiles qui se retrouvent en zone occupée, dans le département du Nord principalement avec les villes de Cambrai, Douai ou Lille où le visiteur peut apercevoir la présence des soldats allemands.

La résistance et le rationnement sont aussi évoqués dans cette partie. Alice Dubois, alias de Louis de Bettignies, bien connue dans la région et à la tête d’un réseau d’information est présente. Pendant un moment, la croix de bois utilisée lors de son inhumation, été exposée dans la basilique de Notre-Dame-de-Lorette. En effet, Louise de Bettignies a été envoyé en Allemagne pour purger sa peine avec des travaux forcés. Décédée en Allemagne, elle sera rapatriée à Saint-Amand-les-Eaux pour reposer en France.
Le mur d’affiches est impressionnant, dans le nombre et aussi la diversité des interdictions, restrictions ou informations. Cela va de la restriction de nourriture, au couvre-feu, taxes à payer ou encore informer la population des actes de résistances ratés avec les exécutions réalisés pour l’exemple.


L’Histoire du conflit continue de se dérouler avec les photographies, et l’avant dernier espace nous amène à la fin de la « guerre de tranchée » qui laisse place à nouveau à la « guerre de mouvement ». Il s’agit des offensives de la fin de guerre. Les thématiques abordées à travers les photographies sont les suivantes : les blessés, les prisonniers, les morts. L’archéologie de la Première Guerre mondiale est également évoquée avec une des découvertes réalisées aux abords du village d’Athies-les-Arras : les Grimsby Chums. Soldats retrouvés enterrés ensemble avec une particularité : ils se donnent la main…



L’archéologie de la Grande Guerre est importante, parce qu’elle permet de retrouver des objets appartenant aux soldats, qui peuvent ainsi être remis à la famille. Cela permet aussi de connaître la vie quotidienne des soldats, les nationalité présentes (uniformes, rations qui sont différents selon les pays) mais également de retrouver certains corps qui n’avaient jamais été retrouvés lors du conflit. Avec les techniques scientifiques actuelles, comme l’ADN, il est parfois possible de redonner une identité au soldat et amène à des cérémonies émouvantes pour les descendants comme à Fromelles, lorsque plusieurs soldats australiens avaient été inhumés auprès de leurs d’armes au Pheasant Wood military cemetery.
La dernière partie de la visite est consacrée à l’après-conflit : les ruines, la Reconstruction et la mise en place de lieux de mémoire pour ne rien oublier. Les photographies de ruines de villes comme celle de Lens sont parlantes, plus rien n’est debout et cela témoigne de la violence des combats qui ont eu lieu à proximité de la ligne de front. Plusieurs villes sont détruites à plus de 95%….
Les cimetières militaires provisoires sont sujets à la création de lieux pérennes où les membres de la famille pourront venir se recueillir. Les photographies montrent entre autres le cimetière provisoire de Notre-Dame-de-Lorette, qui va devenir par la suite la nécropole française de la Première Guerre mondiale pour le Nord-Pas-de-Calais. Une carte est accrochée pour indiquer tous les cimetières et mémoriaux présents dans ces deux départements, toutes nationalités confondues.





La Reconstruction va prendre plusieurs formes. Certaines villes vont reconstruire à l’identique certains espaces emblématiques comme Arras avec les deux places en baroque flamand et le beffroi gothique.
L’architecture régionaliste va également être fortement présente sur le territoire. Il s’agit d’une architecture mettant en valeur la brique et les valeurs régionales : Bailleul, Béthune et son église Saint-Vaast, Lille et la CCI.
Enfin, d’autres villes comme Béthune, Lens par exemple, vont choisir de recourir à la nouvelle architecture de l’époque qui est l’Art Déco. Elicec vous invite à découvrir ces belles façades mêlant modernité et référence au passé.


Et voilà pour le Mémorial 14-18 Notre-Dame-de-Lorette. Lieu de mémoire collective mettant en avant l’Histoire de la Première Guerre mondiale par le biais principalement des photographies d’archives.
Voici le lien vers le site internet pour préparer votre venue : https://memorial1418.com
Elicec vous invite après la découverte de ce mémorial, à aller voir les différents lieux de mémoire situé aux alentours : la nécropole Notre-Dame-de-Lorette et l’Anneau de la Mémoire, les cimetières militaires britanniques (Cabaret Rouge) et allemands (Maison-Blanche) ou encore le mémorial canadien de Vimy.
A bientôt pour de nouvelles découvertes et balades dans la région où ailleurs ! 😊
